Wiki Shadowhunters
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Un rêve devenu réalité est une nouvelle que l'on retrouve dans Le Livre Blanc. Elle se situe chronologiquement entre Le Livre Blanc et La Princesse de la nuit et raconte comment Magnus Bane a organisé le mariage de Jem Castairs et Tessa Gray dans un rêve grâce à de l'oniromancie.

Intrigue[]

Alors que Magnus Bane allait se coucher auprès de son compagnon, Alec Lightwood, après une journée ordinaire - dans le domaine du possible pour eux - Magnus a concocté un plan pour utiliser le surplus de magie qui lui restait venant du Svefnthorn. Bien qu'il ait pensé à garder cette surcharge de magie pour en faire une sorte de roue de secours en cas de danger à venir, il ne pensait pas que c'était une bonne idée et a préféré l'utiliser pour "créer de la joie". Une fois sûr que tous ses proches au quatre coins du monde étaient bien endormis, Magnus en fit de même pour se réveiller sur le pont de Blackfriars, le lieu de rencontre favori de Tessa et Jem.

Sur le pont, Magnus retrouva Jem et Tessa ravis que le plan ait fonctionné. On découvrit alors qu'ils étaient réunis ici pour se marier. Magnus refusait d'officier la cérémonie s'ils étaient en tenue de pyjama - même si cela ne les dérangeait pas - alors le sorcier leur créa des tenues de mariage adaptées, même Church eut droit à sa propre tenue. Magnus s'occupa ensuite de la décoration du pont puis les autres invités arrivèrent.

La cérémonie commença, Magnus en tant qu'officiant émeut l'assemblée et révéla qu'après avoir hésiter sur les coutumes à respecter - celles des Chasseurs d'Ombres, des Sorciers ou des Terrestres ? - il avait décidé de créer une cérémonie unique à leur amour. Tessa et Jem ont enfin pu échanger leurs anneaux et leurs voeux avant d'être déclarés mariés. Leurs proches profitèrent de ce moment et les Blackthorn eurent même la chance de voir leur frère disparu, Mark Blackthorn, accompagné d'un cavalier mystérieux, Kieran. Magnus était également persuadé d'avoir aperçu Will Herondale sur l'autre berge.

Seuls Magnus, Tessa, Jem et Alec se souviendront de ce mariage de rêve. Les autres invités s'en souviendront au début, puis les images s'envoleront comme le font les rêves.

Histoire[]

Histoire complète

ATTENTION SPOLIER : Des détails de l'intrigue sont révélés. La prudence est conseillée !


Magnus Bane manigançait quelque chose.

Pour un œil non averti, le Grand Sorcier de Brooklyn n’avait pourtant pas l’air très occupé. Tout d’abord, il était en pyjama. Ensuite, il était dans son lit, adossé à une pile d’oreillers, un manuel de sortilèges ouvert sur les genoux.

Allongé à côté de lui, Alec Lightwood dormait à poings fermés. Plus tôt dans la journée, il avait emmené leur fils Max au Jardin botanique de Brooklyn, à la demande de Magnus qui voulait que le petit garçon ait tout loisir de se fatiguer avant l’heure du coucher. Son stratagème n’était pas loin d’avoir trop bien fonctionné. Max s’était rapidement lié d’amitié avec Eliza, une petite lycanthrope et les deux enfants avaient crapahuté dans tout le parc pendant les trois heures suivantes, l’un en rampant, l’autre en courant, quoique de manière un peu bancale. La maman d’Eliza avait accusé le coup lorsque Max avait lévité. Heureusement, il était protégé par un charme d’invisibilité, si bien que seuls Alec et elle s’en étaient aperçus.

Bien qu’elle ne possédât pas encore un vocabulaire très étendu, la petite Eliza voulait manifestement que Max la fasse léviter aussi. Par chance, il ne s’était pas encore découvert ce genre de pouvoir. Alec et Max étaient rentrés à la maison contents de leur journée, couverts de boue et surtout, épuisés.

Magnus se redressa pour jeter un œil à la pendule trônant sur la commode, une horreur couverte d’angelots sculptés que Ragnor lui avait offerte des années plus tôt. Bien que la chambre ne fût éclairée que par la flamme bleue d’une bougie posée sur sa table de chevet, le sorcier réussit à lire les chiffres : il était deux heures moins le quart. C’était assez tard. Même les Chasseurs d’Ombres et les Créatures Obscures de la côte Ouest étaient partis se coucher. Après tout, Catarina, Jem et Tessa étaient prévenus, et quant à Emma Carstairs et aux Blackthorn, ce n’étaient que des gamins ! Ils devaient dormir à cette heure, fatigués d’avoir gambadé sur la plage ou quelle que soit la manière dont les résidents de l’Institut de Los Angeles occupaient leurs journées. Oui, le moment était venu.

Magnus se blottit sous l’édredon et regarda tendrement la silhouette endormie d’Alec, ses cheveux de jais qui ressortaient sur l’ivoire de la taie d’oreiller. Puis il referma son livre, le mit sur la table de nuit et se concentra sur la bulle de magie enfouie dans les replis de son être. Deux semaines s’étaient écoulées depuis qu’il s’était affranchi de l’emprise du Svefnthorn et bien que les marques sur sa peau eussent disparu, ses dents retrouvé leur taille initiale et la surcharge de magie contenue dans l’objet maléfique quitté son corps, cette petite réserve de pouvoir avait subsisté en lui.

D’abord, Magnus avait vu en elle une espèce de police d’assurance. Un petit bonus de magie n’était jamais de refus, surtout quand elle était aussi puissante, et le sorcier était à peu près certain qu’Alec et ses amis auraient d’autres dangers à affronter dans les années à venir. C’était leur boulot, après tout. Mais s’accrocher à un pouvoir magique par crainte de dangers imaginaires, ce n’était pas une bonne idée.

C’était comme s’il laissait les démons remporter une petite victoire sur lui. Il avait donc décidé d’utiliser ce pouvoir à des fins pas démoniaques du tout : pour créer de la joie.

Magnus ferma les yeux. L’oniromancie, l’étude et la pratique de la magie liée aux rêves, n’avait jamais été sa spécialité. Mais grâce à la bulle de pouvoir que lui avait laissée le Svefnthorn, il pensait pouvoir accomplir cet exploit, si complexe fût-il. La partie la plus difficile selon lui était de se maintenir dans un état intermédiaire, entre veille et sommeil, tout en demeurant suffisamment conscient pour jeter le sortilège. Les yeux toujours fermés, il se radossa aux oreillers…


Lorsque Magnus rouvrit les paupières, il se tenait au milieu du pont de Blackfriars et Londres se déployait autour de lui dans toutes les directions.

Il prit une grande inspiration. L’air charriait l’odeur du fleuve. Le ciel était violet foncé, le soleil se levait à peine. Il n’y avait pas de circulation : c’était tout l’intérêt d’organiser une fête sur un pont imaginaire plutôt que sur le vrai. Une brise tiède soufflait sur la Tamise qui dansait en contrebas, argentée dans les premières lueurs de l’aube. Avait-il remarqué ce vent dans un autre rêve ? Il n’en savait rien. Il admira la vue : elle semblait assez fidèle à son souvenir bien qu’il n’eût pas mis les pieds à Londres depuis vingt ans. Peut-être qu’une vilaine construction s’était ajoutée au paysage entre-temps, mais qui pourrait lui reprocher de l’avoir omise ?

— Magnus !

En se retournant, il aperçut deux silhouettes qui pressaient le pas dans sa direction. C’étaient Tessa et Jem, tous deux en pyjama. Celui de la jeune femme était gris imprimé de lapins blancs, celui de Jem à carreaux écossais verts et bleu marine. Ils étaient pieds nus, mais ça n’avait aucune importance puisqu’ils marchaient sur un pont imaginaire. Magnus sourit et constata qu’ils riaient, une expression d’incrédulité sur le visage.

Tessa faillit faire tomber Magnus en se jetant dans ses bras et il s’émerveilla de ce contact : tout semblait si réel !

— Ça marche ! s’exclama-t-elle, abasourdie.

— Cela vaut toujours la peine d’aller explorer les disciplines magiques inexplorées, déclara le sorcier. Je découvre sans doute l’oniromancie après tout le monde, mais j’ai l’intention de rattraper mon retard sur-le-champ. Ce sont vos tenues de mariage ?

— Ce n’est pas très conventionnel, je te l’accorde, mais la robe jaune que je portais pour la cérémonie à la mairie ne l’était pas non plus, répondit Tessa. Et puis j’adore les lapins. Si Jem est d’accord, ça me va.

— Je t’épouserais même si tu portais un sac-poubelle, répliqua celui-ci.

Les deux tourtereaux se sourirent d’un air niais. Magnus décida de prendre les choses en main : il ne savait pas combien de temps tiendrait le sortilège.

— Il n’en est pas question ! Si c’est moi qui célèbre votre mariage, même imaginaire, vous allez devoir vous habiller pour l’occasion. C’est dans mon contrat. J’espère que vous avez lu les clauses écrites en tout petit.

Le sorcier claqua des doigts et le pyjama de Jem céda la place à un costume noir impeccablement coupé. Magnus avait opté pour une tenue dans le style des vêtements de Chasseur d’Ombres que Jem portait jadis, au temps de sa rencontre avec Tessa. Des runes de mariage étaient brodées au fil d’or sur les revers de la veste. Laissant Jem s’émerveiller de la coupe de ses vêtements, Magnus se tourna vers Tessa.

— Je sais : choisir une robe de mariée est quelque chose de très personnel. Mais comme le temps presse et que nos invités vont arriver d’un instant à l’autre, j’aimerais que tu me laisses essayer.

— Je te donne ma permission, dit Tessa.

Magnus claqua de nouveau des doigts et la jeune femme se retrouva vêtue d’une magnifique robe sans manches en soie gris argenté, dont la jupe ample rappelait la robe qu’elle portait la première fois qu’il l’avait vue, lors d’un bal vampire. D’un autre claquement de doigts, il coiffa ses cheveux en chignon, avec quelques mèches folles autour de son beau visage, et fit apparaître à son cou son pendentif de jade ainsi que le bracelet de perles qu’elle arborait toujours au poignet, un cadeau de Will pour leur trentième anniversaire de mariage.

Surprise, elle porta la main à ses cheveux avant de lisser le devant de sa robe.

— De quoi j’ai l’air ?

Jem parut tout à coup très jeune lorsqu’il répondit dans un murmure, la voix vibrante d’émotion :

— Ni hen piao liang.

« Tu es très belle. »

Magnus allait se retourner pour leur laisser un moment d’intimité quand il sentit des bras se refermer autour de lui. Alec l’embrassa sur le front avant de lui glisser à l’oreille :

— Ce que tu peux être sentimental ! (Le sourire aux lèvres, il se tourna pour féliciter Jem et Tessa, manifestement ravis de le voir.) Si j’ai bien compris, poursuivit le jeune homme, toi, moi, Tessa et Jem, nous nous rappellerons parfaitement ce moment. Quant aux autres invités, ils s’en souviendront au début, puis les images se dissiperont dans leur esprit, comme font les rêves ?

— C’est ça, répondit Magnus. Ils n’en garderont pas un souvenir aussi net que nous, mais leur âme sera présente et ils s’en réjouiront. Enfin, la plupart d’entre eux.

— Comment ça, « la plupart d’entre eux » ? demanda nerveusement Jem.

— Eh bien, je ne peux pas prévoir le ressenti de Church.

— Church ! s’exclamèrent Alec et Jem de concert en voyant le persan lunatique s’avancer vers eux d’un pas nonchalant.

Tessa éclata de rire.

— Eh bien, il dort vingt heures par jour, il ne faut pas s’étonner !

— J’ai pris la liberté de l’ajouter à la liste d’invités que vous m’avez donnée, précisa Magnus. J’essaie de gagner des points auprès de lui.

— Pourquoi ? demanda Alec, incrédule. C’est un chat.

— Pour qu’il ne m’en veuille pas quand j’aurai fait ça.

Magnus claqua des doigts et un ruban argenté confectionné dans le même tissu que la robe de Tessa apparut autour du cou de Church. Le félin écarquilla les yeux, puis s’assit pour s’absorber dans la toilette de ses pattes de devant.

— Bon, et maintenant il faut que je décore ce pont, annonça Magnus.

— Moi, je le trouve déjà parfaitement décoré, fit une voix derrière lui.

Le sorcier se retourna et aperçut Clary qui s’avançait vers lui en tenant Max dans ses bras, suivie de Jace, puis d’Isabelle et de Simon qui se parlaient à voix basse tels des conspirateurs. Jocelyne et Luke venaient ensuite, la mise un peu débraillée, et Magnus se souvint qu’ils étaient en train d’aménager une grange de la ferme de Luke afin que Jocelyne puisse y installer son atelier de peinture. Ragnor et Catarina apparurent à leur tour ainsi qu’une ribambelle d’enfants, le clan Blackthorn : Julian et Helen, Tiberius et Livia, Drusilla et Octavian. Emma Carstairs, qui les accompagnait, se détacha du petit groupe pour se jeter dans les bras de Clary. Magnus remarqua non sans amusement qu’elles étaient désormais de la même taille. Max, qui avait échappé aux bras de Clary, escaladait les épaules d’Alec en racontant une histoire à Helen Blackthorn et à son épouse, Aline, qui l’écoutaient, hilares, sans comprendre le quart de ce qu’il disait.

Maryse et Kadir étaient là, eux aussi, déjà en grande conversation avec Jocelyne et Luke. Kadir ne figurait pas sur la liste que Jem et Tessa avaient fournie à Magnus, parce qu’ils le connaissaient à peine, mais le sorcier l’avait ajouté en tant qu’invité de Maryse. Mieux valait ménager le petit ami de sa belle-mère, surtout si cette dernière était disposée à jouer les baby-sitters.

Deux Frères Silencieux se présentèrent à leur tour. Enoch ? Shadrach ? Difficile à dire. Magnus était forcé d’admettre qu’il les confondait tous depuis que Jem ne faisait plus partie de leur confrérie. Le sorcier n’était pas sûr que les Gregori pourraient assister à la cérémonie puisqu’en temps normal, ils ne dormaient pas. L’un d’eux – Enoch ? – inclina la tête à son intention, comme s’il donnait son approbation à la folie qu’il venait de commettre. Du moins, c’est ainsi que Magnus interpréta son geste.

Octavian était en train de grimper sur Jace comme sur l’attraction d’une aire de jeux. Clary discutait avec Emma et Julian, tandis que, debout près de son frère aîné, Tiberius contemplait la ville, les yeux brillants de curiosité. Livia et Drusilla s’étaient perchées sur la rambarde du pont, la première parlant avec animation à Simon et à Isabelle pendant que la seconde, intimidée, regardait autour d’elle. Catarina alla s’adosser près d’elle et lui posa une question. Magnus examina les habits disparates du petit groupe. Ils portaient pour la plupart des vêtements décontractés, certains un pyjama. D’un grand mouvement du bras, il les vêtit de tenues de fête et ils semblèrent à peine s’apercevoir du changement. Le sorcier était impressionné. L’oniromancie… qui aurait cru, franchement ?

Une main lui agrippa le bras. C’était Tessa, qui semblait au bord des larmes.

— Magnus, je n’arrive pas à croire que tu aies fait ça pour nous. Je…

Elle s’interrompit, à court de mots. Le sorcier lui adressa un regard affectueux.

— Tessa, pour la plupart des gens, le mariage de rêve n’est pas un mariage imaginaire. Mais puisque tu vois les choses autrement, je suis heureux de pouvoir t’aider. Et si on commençait ?

Jem et Tessa prirent place de chaque côté de Magnus tandis que les invités se regroupaient autour d’eux. Le soleil qui s’était levé à l’horizon réchauffait de ses rayons la petite assemblée.

— Chers amis, dit Magnus en s’adressant à Jem et à Tessa, nous sommes honorés de partager ce moment avec vous, et je le suis doublement de pouvoir prendre la parole en cet instant particulier. Il y a plusieurs siècles, après une beuverie mémorable, j’ai découvert à mon réveil qu’on m’avait ordonné pasteur. Aujourd’hui, il me semble que ce n’était pas une décision si mauvaise, en fin de compte.

Jocelyne gloussa, puis baissa la tête, embarrassée. Luke lui sourit.

— Blague à part, il me semble que c’est quelque chose de bien plus grand que nous qui a poussé ces deux êtres à s’unir aujourd’hui en notre présence, poursuivit le sorcier.

Les yeux de Clary brillaient de larmes. En guise de mouchoir, Jace lui tendit le chiffon qu’il venait de sortir de sa poche et qui servait sans doute à polir ses armes. Elle le remercia d’un sourire ironique avant de se moucher.

— Je me suis demandé à quelle coutume je devais me conformer pour célébrer ce mariage. Devais-je suivre le protocole des Chasseurs d’Ombres, celui des sorciers, voire celui des Terrestres ? Car plusieurs mondes cohabitent en vous. Mais comme aucune de ces traditions ne me semblait appropriée, j’ai décidé de vous concocter une cérémonie sur mesure à même de rendre hommage à votre trajectoire unique.

Magnus adressa un signe de tête à Jem, qui prit dans sa poche un anneau en or qu’il avait fait graver d’un seul mot : Mizpah.

— On dit souvent que lorsque deux cœurs ne font qu’un, ils sont plus forts que le fer ou le bronze. Tessa Gray, acceptes-tu d’unir ton âme à celle de Jem Castairs ?

— Oui, répondit gravement Tessa en tendant sa main à Jem pour qu’il passe l’anneau à son doigt.

Puis Magnus inclina la tête à l’intention de la jeune femme, qui sortit un anneau, non pas de sa poche mais de nulle part. Le sorcier réprima un sourire, ravi que Tessa ait elle aussi recours à l’oniromancie. La bague était la réplique exacte de celle que Jem venait de passer à son doigt, à l’exception des mots gravés sur le métal : Que l’Ange veille sur toi et sur moi quand nous serons loin l’un de l’autre.

— Jem Carstairs – Ke Jian Ming –, acceptes-tu d’unir ton âme à celle de Theresa Gray ?

— Oui, répondit l’intéressé, les yeux brillants de bonheur.

Tessa glissa l’anneau à son doigt et ils se dévisagèrent en souriant pendant quelques secondes, comme s’ils n’arrivaient pas à y croire.

— Je suis certain que ni la vie, ni la mort, ni les anges, ni les démons, ni la plus haute hiérarchie céleste, ni l’adversité présente ou à venir ne pourront séparer ces deux êtres, reprit Magnus, et Jem et Tessa l’écoutèrent, étonnés de reconnaître des bribes de la cérémonie de mariage traditionnelle des Chasseurs d’Ombres. Devant votre famille et vos amis, je vous déclare unis par les liens du mariage, ajouta le sorcier en levant les bras Tessa Gray et Jem Carstairs, vous voilà désormais mari et femme, pour la plus grande joie de tous. Vous pouvez vous embrasser, bien que je doute que vous ayez besoin de ma permission.

Les invités acclamèrent Jem et Tessa. Comme leur baiser se prolongeait, Magnus s’éloigna discrètement pour se mêler à l’assistance.

— Laissons-les un moment, dit-il tandis que les conversations reprenaient autour de lui.

Le sorcier nota qu’Alec, qui riait avec Maryse, était très sexy dans son costume Armani. Ragnor et Catarina gloussaient eux aussi dans leur coin, heureux d’être réunis à présent que celui-ci n’avait plus besoin de se faire passer pour mort, du moins, en présence de ses amis. Clary avait passé le bras autour des épaules d’Emma et Jace se disputait avec Simon sur la façon correcte de nouer une cravate. Tiberius et Drusilla les regardaient se chamailler comme s’ils assistaient à un match de tennis. Julian avait soulevé Octavian dans ses bras pour que l’enfant puisse regarder la Tamise couler en contrebas. Isabelle plaisantait avec Livia, qui portait Max sur son dos. C’était un mariage particulièrement réussi.

Tous les amis de Magnus étaient là. Ceux-là mêmes qui s’étaient littéralement rendus en enfer à deux reprises pour le sauver. Comme sa vie avait changé ! Les premiers temps, c’était lui contre le reste du monde. Puis, au fil des ans, il avait fait front avec Ragnor et Catarina. À présent, sa communauté s’était considérablement élargie, à tel point que, désormais, il n’avait plus l’impression d’être en guerre contre le reste du monde : ses amis et lui en faisaient simplement partie. C’était une sensation très agréable.

— Regardez ! s’écria soudain Drusilla, l’index pointé vers le ciel, les yeux écarquillés de surprise.

Un murmure de stupéfaction parcourut les invités. Deux silhouettes volaient au-dessus de leur tête, montées sur un étalon d’une blancheur translucide, avec deux sabots d’or et deux sabots d’argent. L’une était celle d’un adolescent blond en haillons, qui salua la petite assemblée d’un grand geste. Mark Blackthorn ! Le cavalier assis à califourchon devant lui, aussi translucide que sa monture, était plus difficilement identifiable, mais malgré ses vêtements, en lambeaux eux aussi, il ne pouvait s’agir que d’un prince elfe. Magnus avait « invité » toute la famille Blackthorn sans être sûr que les membres de la Chasse Sauvage entendraient l’appel de la magie des rêves. Il avait désormais la preuve qu’il avait été entendu, mais un nouveau mystère se présentait à lui : qui était le compagnon de Mark, si proche de lui qu’ils apparaissaient ensemble dans un rêve ?

Les deux cavaliers décrivirent un cercle dans le ciel tandis que les Blackthorn les hélaient en agitant la main, puis ils se volatilisèrent, non sans que Mark ait adressé un dernier signe à ses frères et sœurs, un sourire étrange aux lèvres.

Magnus constata avec soulagement que Jace, Clary, Simon, Isabelle et Alec s’étaient rapprochés des Blackthorn pour leur donner l’occasion d’évoquer la visite, même brève, de ce frère qu’on leur avait enlevé.

Le sorcier repéra Jem et Tessa adossés à la rambarde. L’air miroitait près d’eux et Magnus sentit ses cheveux se dresser sur sa nuque.

Il savait que Will Herondale n’avait jamais hanté le monde des mortels car, ayant vécu heureux et étant mort paisiblement, il n’avait pas d’affaires à régler parmi les vivants. Si Magnus ne souscrivait à aucune croyance particulière en matière de réincarnation ou d’au-delà, il avait toujours nourri la conviction que Will était posté sur la berge opposée d’un fleuve aux flots noirs – Léthé ou autre – séparant le monde des morts de celui des vivants. Debout dans l’herbe verte, sous un ciel d’un bleu aussi sombre que ses yeux, il attendait patiemment que Jem et Tessa le rejoignent afin de les conduire main dans la main vers les mystères qui s’étendaient au-delà du voile.

Les philosophes de la Grèce antique croyaient que le sommeil et les songes ne faisaient qu’un avec la mort. Pour eux, Morphée et Hadès marchaient côte à côte, de telle sorte que Magnus n’aurait pas été surpris si, dans ce rêve, il avait vu Will tendre la main vers ceux qu’il aimait plus que tout.

Après tout, comme tout Herondale qui se respectait, il était très obstiné.

Laissant les Blackthorn aux bons soins de sa sœur et de ses amis, Alec vint se poster près de son compagnon. Les enfants semblaient voir en l’apparition fugitive de Mark un cadeau qui leur était spécialement destiné.

Alec enlaça Magnus par la taille et l’attira à lui pour lui planter un baiser sur la tempe.

— C’est très gentil à toi d’avoir utilisé les vestiges de magie du Svefnthorn pour accomplir ce petit miracle.

— Eh bien, comme il ne restait pas de quoi nous envoyer sur la Lune ou nous avoir une place au premier rang du défilé d’Alexander McQueen, j’ai eu cette idée, répliqua Magnus.

Alec sourit.

— Je sais que tu l’as fait parce que tu es une personne adorable et c’est une des nombreuses facettes de ta personnalité que j’adore.

— Oh, fit Magnus en se tournant vers lui, tu m’as percé à jour !

Ils échangèrent un baiser et il s’avéra que s’embrasser en rêve était aussi merveilleux que dans la réalité.

Personnages[]

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