Cette page est une compilation d'extras, scènes coupées, nouvelles et autres bonus ou contenu spécial de la Saga The Mortal Instruments.
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Arbre Généalogique[]
Cet arbre de famille a été publié dans la première édition de la Princesse Mécanique. Cassandra Clare a déclaré à plusieurs reprise que cet arbre généalogiques des familles Carstairs, Lightwood et Herondale est simplement un objet trouvé dans la série et est en fait incomplet, contenant seulement les personnages de The Infernal Devices ainsi que leur enfants, dont certains apparaissent dans The Last Hours et leurs descendant qui ont précédé les personnages figurant dans The Mortal Instruments
Il est également dit qu'il est très trompeur, car l'arbre généalogique contient des informations pensait vrai par celui qui l'a écrit. Les informations erronés peuvent comprendre des mariages secrets, des mariages arrangés ou fixe, une imposture politique, des gens secrètement mort, des décès ou des dates de mort qui sont en réalité des gens transformés ou redevenant Terrestre. Les vrais informations devraient être davantage exploré dans The Last Hours et, il se peut, qu'elle ne correspondent pas avec les informations figurant sur l'arbre.
Lettre[]
Par Jace Herondale[]
La lettre écrite par Jace à Clary dans "La Cité de Verre". La lettre a été inclus dans certaines éditions spéciales de "La Cité des Anges Déchus"
Clary,
En dépit de tout, je ne peux me résoudre à ce que cette bague soit perdue pour toujours, tout comme je ne peux me résoudre à te laisser pour toujours. Alors que je n'ai pas le choix pour l'un, je peux au moins choisir pour l'autre. Je te laisse notre bague de famille parce que tu as autant le droit que moi de l'avoir.
Je t'écris ceci en regardant le soleil se lever. Tu es endormie, et je vois tes rêves derrières tes paupières agitées. J'aimerais pouvoir savoir à quoi tu pense. J'aimerais pouvoir me glisser dans ta tête et voir le monde à travers tes yeux. J'aimerais pouvoir me voir à travers tes yeux. Mais peut-être que je ne voudrais pas voir cela. Peut-être que cela me donnerait l'impression que je continue de te montrer un énorme mensonge et je ne pourrais pas le supporter.
Je t'appartiens. Tu peux faire de moi tout ce que tu veux, et je te laisserais faire. Tu peux me demander tout ce que tu veux, et je me tuerai à te rendre heureuse. Mon cœur me dit que ceci est le plus beau et le meilleur sentiment que je n'ai jamais ressenti. Mais mon esprit connait la différence entre vouloir ce que tu ne peux pas avoir et vouloir ce que tu ne devrais pas vouloir. Et je ne devrais pas te vouloir.
Toute la nuit je t'ai regardée dormir, j'ai regardé la lune aller et venir, amenant ses ombres sur ton visage, en noir et blanc. Je n'ai jamais rien vu de plus beau. Je pense à la vie que nous aurions pu avoir si les choses avaient été différentes, une vie où cette nuit ne serait pas unique, séparée de tout ce qui est vrai, mais où toutes les nuits seraient comme ceci. Mais les choses sont différentes, et je ne peux m'empêcher de te regarder et de penser que je t'ai prise au piège à m'aimer.
La vérité que personne ne veut dire à haute voix est que personne ne peut vaincre Valentin, à part moi. Je peux me rapprocher de lui comme personne. Je peux prétendre vouloir le rejoindre et il me croira, jusqu'au dernier moment où je ferai ce qu'il faut pour en finir, d’une manière ou d'une autre.
J'ai quelque chose de Sébastien, je peux le traquer jusqu'où mon père se cache. Et c'est ce que je vais faire. Alors je t'ai menti hier soir, j'ai dit que je voulais juste passer cette nuit avec toi. Mais je veux passer toutes les nuits avec toi. Et c'est pour cela que je dois m'échapper par la fenêtre maintenant, comme un lâche. Parce que si je devais te le dire en te regardant dans les yeux, je ne pourrais plus jamais partir.
Je ne t'en veux pas si tu me détestes, je l'espère même. Aussi longtemps que je rêverai, je ne rêverai que de toi.
Jace
Par Stephen Herondale[]
Une lettre de Stephen Herondale pour son fils Jace, écrite avant sa mort. Elle est disponible dans l'édition spéciale de "La Cité des Âmes Perdues" par Barnes & Noble.
Par Will Herondale[]
Pour sa famille[]
- Lettre écrite à ses parents pour son 17ème anniversaire, qui n'a pas été envoyé et elle est inachevé. Les premières éditions du Prince Mécanique paru en Amérique du Nord, au Royaume-Uni, en Irlande, en Australie et en Nouvelle-Zélande contiennent cette lettre. Une version raconté par Ed Westwick (Dan Humphrey dans Gossip Girl) peut être écouté ici .
Mère, Père Aujourd’hui je fête mon dix-septième anniversaire. Je sais qu’en vous écrivant j’enfreins la loi. Je sais aussi que je vais sans doute déchirer cette lettre quand je l’aurai terminée, comme à chacun de mes anniversaires depuis mes douze ans. Mais je vous écris néanmoins pour commémorer l’événement, de même que d’aucuns vont chaque année se recueillir sur une tombe pour honorer la mort d’un être aimé. Car ne sommes-nous pas morts les uns pour les autres ? Je me demande si en vous éveillant ce matin, vous vous êtes souvenus qu’il y a dix-sept ans votre fils venait au monde. J’ose espérer que vous pensez à moi. Je doute que vous puissiez vous figurer la vie que je mène ici à l’institut de Londres. Elle est si différente de notre quotidien dans notre maison cernée par les montages, aves son ciel limpide et ses immenses étendues vertes. Ici, tout est noir, gris et brun, et les couchers de soleil de teintent de fumée et de sang. Vous craignez peut-être que je me sente seul ou, comme mère autrefois, que je sois encore sorti sous la pluie sans chapeau. Ici, personne ne s’inquiète de ce genre de détail. Nous risquons si souvent notre vie que la perspective d’attraper une rhume nous effraie peu.
Savez-vous que je vous ai entendus, ce jour fatidique de mes douze ans ou vous êtes venus me chercher ? J’ai rampé sous le lit pour ne pas vous entendre crier mon nom. Mais cela n’a servi à rien j’ai entendu mère appeler son fach, son petit. Je me suis mordu la main jusqu’au sang mais je ne suis pas descendu, et charlotte a fini par vous convaincre de vous en aller. J’ai pensé que vous reviendriez me chercher mais vous ne vous êtes plus montrés. C’est bien les Herondale d être aussi têtus.
Je me rappelle votre soulagement, chaque fois que le conseil venait me chercher pour me proposer de rejoindre les ranges des Néphilim et que je les renvoyais. Savez-vous que j’ai pourtant souvent été tenté par l »idée d’une vie glauque j’ai pourtant souvent été tenté par l’idée d’une vie glorieuse dédiée au combat et à la défense des faibles ? Car c’est le devoir de tout homme. Nous avons cela en nous : la stèle et le poignard séraphique, les marques et les démons. Père, je me demande souvent pourquoi vous avez quitté les Néphilim, et pourquoi mère n’a pas voulu devenir une des leurs... Est-ce parce que vous les trouviez froids et cruels ? Je ne suis pas de cet avis. Charlotte est particulièrement gentille avec moi, sans jamais douter que je mérite son affection. Henry est complètement fou mais il a bon cœur : il aurait fait rire Ella à coup sûr. Quant à Jessamine, il n’y a pas grand-chose de positif à dire sur son compte, mais elle n’st pas méchante. A l’inverse, je ne saurais trouver un défaut à Jem : il est le frère que père souhaitait pour moi, ma chair et mon sang, même si nous n’avons aucun lien de parenté. J’ai peut-être tout perdu par ailleurs, mais j’ai gagné un bien précieux : son amitié. Nous avons aussi une nouvelle recrue parmi nous. Elle s’appelle Tessa. Joli nom, n’est-ce pas ? Vous savez, le gris des nuages venus de la mer, qui roulent au-dessus des montagnes ? Ce gris-là, c’est le gris de ses yeux.
Et maintenant, je vais vous raconter une terrible vérité, puisque je n'ai jamais l'intention d'envoyer cette lettre. Je suis venu ici à l'Institut parce que je n'avais nulle part où aller. Je ne m'attendais pas à être à la maison, mais dans le temps que je suis ici, j'ai découvert que je suis un vrai Chasseur d'Ombres. D'une certaine manière mon sang me dit que c'est ce que je suis. Si seulement j'avais su avant, je serai parti de l'Enclave, la première fois qu'ils me l'ont demandé, peut-être aurais-je pu épargné la vie d'Ella. Peut-être que j'aurais pu me sauver.
Votre fils, Will
Pour Tessa[]
- Une inscription de Will pour Tessa qui figure dans certaines copies de Tale of Two Cities. Disponible dans certaines éditions spéciale de Barnes & Noble et Indigo Chapter's
Tess, Tess, Tessa.
Existe-t-il plus belles sonorités que celles de ton nom ? Il me suffit de le prononcer à voix haute pour que mon coeur se mette à sonner comme un carillon. Drôle d'image que celle d'un cœur qui sonne, n'est-ce pas ? Mais chaque fois que tu me touches, c'est l'impression que j'ai : mon cœur sonne dans ma poitrine, et le bruit se répercute gaiement jusque dans mes os.
Pourquoi avoir choisi ce livre pour t'écrire ces lignes ? Parce que tu m'as appris à l'aimer, moi qui le méprisais. Quand je l'ai lu pour la seconde fois, avec un coeur et un esprit ouverts, j'ai éprouvé un profond désespoir et une grande jalousie à l'égard de Sydney Carton car, même s'il n'avait aucun espoir que la femme qu'il aimait l'aime en retour, au moins pouvait-il lui parler de ses sentiments et faire en sorte de lui prouver son amour, fût-ce en mourrant.
J'aurais volontiers accepté de mourir pour avoir la chance de t'avouer la vérité, Tessa. Et c'est pourquoi j'enviais Sydney, car il était libre.
Désormais, me voilà enfin libre, moi aussi, libre de te dire, sans craindre pour ta vie, tout ce que je ressens pour toi.
Tu n'es pas, pour reprendre ses mots, le dernier rêve de mon âme. Tu es le premier, le seul que je n'ai pas pu étouffer. Tu es le premier rêve de mon âme, et j'espère qu'il en engendrera d'autres, les rêves de toute une vie
Will Herondale
Scènes effacées[]
The Mortal Instruments
Prologue effacé[]
- Voici le prologue original du livre la cité des ténèbres : La coupe mortelle. Je voulais raconter quelques parties de l'histoire du point de vue de Jace, mais quand j'ai avancé dans le livre, j'ai réalisé qu'il serait préférable de voir Jace depuis la perspective de Clary. Cela le rend plus mystérieux et les personnages mystérieux sont plus amusants.
Le Prologue effacé... Les marques sur sa peau racontaient l'histoire de sa vie. Jace Wayland avait toujours été fier d'elles. La plupart des autres jeunes gens de l'enclave n'aimaient pas ses lettres noires qui les défiguraient, ils n’aimaient pas la douleur de la brûlure de la stèle quand elle coupait leur peau, Ils n'aimaient pas les cauchemars qui venaient quand des runes très puissantes étaient tatouées dans la chair de quelqu'un qui n'était pas prêt. Jace n'avait aucune compassion pour eux. C'était leur faute s'ils n'étaient pas assez forts. Lui, avait toujours été fort. Il devait l'être. La plupart des garçons recevaient leur première marque à quinze ans. Alec avait treize ans, et c'était vraiment très jeune. Jace avait neuf ans. Son père avait appliqué la marque dans sa chair avec une stèle taillée dans de l'ivoire. Les runes épelaient son vrai non, et quelque chose d'autre. "Maintenant tu es un homme," avait dit son père. Cette nuit-là, Jace rêva de villes faites d'or et de sang, de grandes tours d'os aussi fines que des esquilles. Il avait presque dix ans et n'avait jamais vu de ville. Cet hiver-là, son père l'emmena à Manhattan pour la première fois. La chaussée dure était très sale, les immeubles bondés trop proches les uns des autres, mais les lumières étaient brillantes et magnifiques. Et, les rues étaient pleines de monstres. Jace les avaient seulement vus dans les manuels de son père. Des vampires dans leurs plus beaux atours, avec leur visage blanc comme du papier. Des lycanthropes avec leurs dents acérées et leur odeur de loup. Des Sorciers avec leurs yeux de chats et leurs oreilles pointues ; parfois, une queue fourchue sortait de l'ourlet de leur élégant manteau de velours. "Des monstres," avait dit son père, avec dégoût. Sa bouche se courbant aux commissures. "Mais ils saignent comme des hommes quand tu les tues." "Et les démons ? Est-ce qu'ils saignent rouge ?" "Certains oui. D'autres saignent un filet de sang vert comme du poison, et d'autres ont un sang couleur argent ou noir. J'ai une cicatrice ici d'un démon qui saignait un acide de la couleur du saphir." Jace observa la cicatrice de son père avec curiosité. "Et avez-vous tué beaucoup de démons, père ?" "Oui" répondit son père."Et un jour, ce sera ton tour. Tu es né pour tuer des démons, Jace. C'est dans ton sang." Des années plus tard, Jace voyait un démon pour la première fois, et à cet instant, son père était déjà mort depuis quelques années. Il écarta sa chemise et observa la cicatrice dont il avait écopé quand ce premier démon l'avait griffé. Quatre griffures parallèles qui couraient sur sa cage thoracique jusqu'à son épaule, là où son père avait tatoué les runes qui le rendraient rapide et fort, et le cacherait des yeux des terrestres. Rapide comme le vent, fort comme la terre, silencieux comme la forêt, invisible comme l'eau. Jace pensa à la fille de son rêve, celle avec les boucles écarlates. Dans son rêve, elle pouvait le voir. Elle l'avait regardé avec une telle intensité, comme une prise de conscience ; comme si elle le reconnaissait, comme s'il lui était familier. Mais comment une simple humaine pouvait-elle voir à travers le charme de protection ? Il s'était réveillé en frissonnant, il avait froid comme si sa peau était dénudée. C'était effrayant de se sentir aussi vulnérable, plus effrayant que n'importe quel démon. Il devrait demander à Hodge une rune pour se protéger des cauchemars dès le matin. Peut-être y aurait-il quelque chose là dessus dans ses livres. Mais il n'avait pas le temps pour l'instant. Il y avait eu un rapport d'activités obscures dans une boîte de nuit du centre-ville, des cadavres d'humains mous et exsangues avaient été découverts au levé du soleil. Jace haussa les épaules sous sa veste, vérifia son armement, et marqua soigneusement à l'encre ses vêtements et le métal de ses armes. Des marques qu'aucun humain ne pouvait voir... et il était content, en pensant à la fille de son rêve, la façon qu'elle avait eue de le regarder, comme s'il n'était pas différent d'elle. Dépourvues de leur magie, les marques sur son corps n'étaient que des marques, après tout, sans plus de pouvoir que les cicatrices de sa poitrine ou de ses poignets, ou la profonde cicatrice juste au-dessus de son cœur, à l'endroit où son père, meurtrier, l'avait poignardé quand il avait dix ans. "Jace!" Le son de son nom le sortit de ses songes. Ils l'appelaient depuis le corridor, Alec et Isabelle, impatients, avides de chasser et de tuer. Balayant les cauchemars de son esprit, Jace les rejoignit.
Scène de la serre du point de vue de Jace[]
Les cloches de l'institut se mirent à résonner, comme une pulsation lourde et profonde au cœur de la nuit. Jace reposa son couteau. C'était un petit couteau de poche pratique, avec un manche en os, celui qu'Alec lui avait donné lorsqu'ils étaient devenus parabatai. Il l'utilisait si souvent que la marque de ses doigts s'était imprimée sur le manche. "Minuit", dit-il. Il pouvait sentir Clary à côté de lui, assise au milieu des restes de leur pique-nique, sa respiration douce dans l'air frais au parfum de verdure de la serre. Il ne la regarda pas directement, mais au-delà, droit devant lui vers les bourgeons brillants encore fermés de la fleur de minuit. Il ne savait pas très bien pourquoi il ne voulait pas la regarder. Il se rappelait de la première fois qu'il avait vu l'éclosion de cette fleur, pendant la classe d'horticulture, assis sur un banc de pierre avec Izzy et Alec à ses côtés, et Hodges les doigts posés sur la tige de la fleur - il les avait réveillés vers minuit pour leur montrer la merveille, une plante qui normalement ne pousse qu'à Idris - et se souvint d'avoir retenu son souffle dans l'air hivernal de minuit, à la vue de quelque chose d'aussi surprenant que magnifique. Alec et Isabelle avait été intéressés, certes, mais pas saisi par une telle beauté comme lui l'avait été. Dès qu'il entendit la cloche résonner, il fut immédiatement pris d'inquiétude à l'idée que Clary puisse être juste intéressée ou même contente, mais pas éblouie. Il voulait qu'elle éprouve le même sentiment que lui au sujet de la fleur de minuit, mais il n'aurait pas su dire pourquoi.
Un son échappa de ses lèvres, un délicat "Oh!" La fleur était en train d'éclore : de s'ouvrir comme la naissance d'une étoile, son pollen scintillant et ses pétales blanc et or. "Elles fleurissent chaque nuits?" Une vague de soulagement envahit Jace. Les yeux verts de Clary brillaient, fixés sur la fleur. Elle tordait ses doigts machinalement. Il avait remarqué qu'elle faisait ça quand elle voulait avoir un stylo ou un crayon pour immortaliser l'instant, fixer une image qu'elle avait devant elle. Parfois, il souhaitait voir les choses comme elle les voyait: voir le monde comme une toile qu'on peut capturer avec de la peinture, des craies ou de l'aquarelle. Lorsqu'elle le regardait de cette façon, il se sentait rougir; un sentiment si étrange qu'il le reconnaissait à peine. Jace Wayland ne rougit jamais. "Joyeux anniversaire Clarissa Fray," Dit-il. Les lèvres de Clary s'étirèrent en un sourire."J'ai quelque chose pour toi." Il fouilla un instant dans sa poche, sans qu'elle ne le remarque, puis plaça la pierre de Runes au creux de sa main, il prit conscience de combien ses doigts étaient petits à côté des siens - délicats et fort à la fois, durcis par des heures passées à tenir des stylos et des pinceaux jusqu'à former des callosités qui avait chatouillé le bout de ses doigts. Il se demandait si le contact de sa peau faisait accélérer son pouls comme c'était le cas pour lui quand il la touchait. Apparemment non, parce qu'elle se recula avec pour seule expression un forme de curiosité. " Tu sais, quand une fille demande un gros caillou, elle ne le pense pas vraiment, tu vois? je veux dire, elle ne veut pas littéralement un gros caillou!" Il sourit sans s'en rendre compte. Ce qui était inhabituel en soi; d'ordinaire, seul Alec ou Isabelle pouvaient le faire rire. Il avait compris que Clary était courageuse à l'instant où il l'avait vue avancer dans la pièce avec Isabelle, désarmée et pas préparée du tout, avec une sorte de bravoure qu'il n'avait pas l'habitude de voir chez les terrestres, mais, de la à le faire rire... Cela le surprenait encore. "Très amusant, et sarcastique avec ça. Ce n'est pas exactement un caillou. Tous les chasseurs d'ombres ont une pierre de Runes. Elle t'apportera la lumière même dans les ténèbres les plus sombres de ce monde ou des autres." C'était les mots exacts prononcés par son père lorsqu'il lui avait donné sa première pierre de Runes. Quels autres mondes? avait-il demandé, et pour toute réponse, son père avait juste éclaté de rire. Il y a plus de mondes à la porte de celui là que de grains de sable sur une plage. Elle lui sourit et fit une blague au sujet des cadeaux d'anniversaire, mais il sentit qu'elle était touchée; elle mit la pierre dans sa poche avec précaution. La fleur de minuit était déjà en train de perdre ses pétales comme une pluie d'étoiles, illuminant doucement son visage. "Quand j'avais douze ans, je voulais un tatouage," dit-elle. Une mèche de ses cheveux roux tomba devant ses yeux; Jace dut réprimer l'envie de l'atteindre pour la repousser derrière son oreille. "La plupart des chasseurs d'ombres ont leur première Marque à l'âge de douze ans. Je suppose que c'était dans ton sang." "Peut-être. Bien que je doute que les chasseurs d'ombres veuillent un tatouage de Donatello des tortues Ninja sur leur épaule gauche." Elle sourit comme elle le faisait toujours quand elle lui parlait de chose complètement incompréhensibles pour lui, comme si elle se rappelait soudain qu'il ne connaissait pas tout ça. Cela fit jaillir un éclat de jalousie en lui. Il ne savait même pas de quoi il était jaloux au fond. De Simon, qui comprenait les références d'un monde auquel il n'avait jamais appartenu? Du monde des terrestre lui-même dans lequel elle pourrait retourner un jour, l'abandonnant à son univers de démons et de chasseurs, de cicatrices et de batailles? Il s'éclaircit la gorge. "Tu voulais une tortue sur ton épaule?" Elle hocha la tête et ses cheveux reprirent leur place. "Je voulait cacher une cicatrice de varicelle." Elle écarta la bretelle de son débardeur pour la lui montrer. "là, tu vois?"
Il voyait : Il y avait une sorte de marque sur son épaule, une cicatrice, mais il voyait plus que ça : Il voyait la courbe de sa clavicule, la lumière qui semblait avoir saupoudré des tâches de rousseur comme une poussière d'or sur sa peau, la courbe de son épaule, son pouls à la base de sa gorge. Il voyait la forme de sa bouche, ses lèvres entrouvertes, ses cils cuivrés quand elle baissait les yeux. Et il fut submergé par une vague de désir, comme il n'en avait jamais éprouvé auparavant. Il avait déjà désiré des filles avant, et été au bout de ses désirs : Il avait toujours ressenti ça comme une sorte de faim, le besoin d'un carburant dont le corps avait besoin. Mais, il n'avait jamais ressenti de désir comme celui là, un feu pur qui embrase les pensées, qui fait vibrer ses mains nerveusement sans vraiment les faire trembler. Il détourna aussitôt son regard. "Il est tard," s'exclama-t-il. "Nous devrions redescendre." Soudain, elle le regarda bizarrement, et il ne put s'empêcher de penser que ces yeux verts lisaient en lui comme dans un livre ouvert. "Es-tu déjà sorti avec Isabelle?" demanda-t-elle. Son cœur se mit à marteler sa poitrine. Il ne comprenait pas vraiment la question. "Isabelle?" répéta-t-il . Isabelles? qu'a-t-elle à voir la dedans? "Simon se posait la question," poursuivit-elle, et il détestait la façon dont elle avait prononcé le nom Simon. Il n'avait jamais ressenti ça auparavant : cette colère qu'elle avait fait naître en lui. Il se souvint du jour où il l'avait rejointe dans l'allée derrière le café, la façon dont il avait eu envie de la faire sortir pour l'éloigner de ce garçon aux cheveux sombres qui était toujours avec elle, et de l'entraîner dans son monde de ténèbres. Il avait senti qu'elle appartenait au monde dans lequel il évoluait, et pas au monde des terrestres dans lequel les gens ne sont pas réels, où ils passent dans son champ de vision comme des marionnettes sur une scène. Mais cette fille, avec ses yeux verts qui l'avaient épinglé comme un papillon, elle était bien réelle. Comme une voix sortie tout droit d'un rêve qui soudain devient réalité, elle était bien réelle, perçant les défenses qu'il avait précautionneusement mises en place au fil du temps, comme une armure. "La réponse est non. Il y a bien eu des moments où l'un comme l'autre, nous y avons pensé, mais, elle est presque ma sœur. Ça aurait été trop bizarre." "Tu veux dire qu'Isabelle et toi, vous n'avez jamais..." "Jamais." "Elle me déteste," ajouta Clary. Jace ricana; comme tous les frères, il prenait un malin plaisir a voir Izzy frustrée. "Tu la rends juste un peu nerveuse, parce qu'elle a toujours été la fille adulée par une foule de garçons, et maintenant, ce n'est plus le cas." "Mais elle est tellement belle." "Tout comme toi", répondit Jace du tac au tac. L'expression de Clary changea. Il ne pouvait pas déchiffrer l'expression de son visage. C'était comme si c'était la première fois qu'il disait à une fille qu'elle était belle, et il ne pouvait se souvenir d'un jour où il l'ait dit sans arrière pensée. Là, c'était sorti tout seul et ça lui donnait l'impression d'être à la salle d'entrainement, en train de lancer des couteaux sur des cibles, distribuer des coups de pieds et coups de poings et se battre contre des ombres jusqu'à ce qu'il soit en sang et épuisé, sa peau couverte de plaie béantes, écorché vif, ça, c'était des sensations qu'il connaissait. Elle le regarda juste calmement et l'image de la salle d'entrainement l'envahit à nouveau avec son cortège de peines et de douleurs.
"Nous devrions peut-être descendre", répéta-t-il. "Très bien." Il ne pouvait pas savoir ce qu'elle pensait au son de sa voix. Même sa capacité à cerner les gens semblait l'avoir quitté et il ne savait pas pourquoi. Le clair de lune filtrait à travers les vitres de la serre pendant qu'ils commençaient à partir, Clary marchait juste devant lui. Quelque chose se mit à bouger une peu plus loin, un éclat blanc de lumière, elle s’arrêta net et se retourna brusquement pour se se retrouver dans le berceau de ses bras. Sa peau était chaude, douce et si délicate, alors, il l'embrassa. Il en fut étonné lui même, jamais son corps ne se permettait de faire des choses sans son consentement. C'était son instrument, tout comme son piano, et il en avait toujours eu le parfait contrôle. Mais elle avait la saveur sucrée de la pomme et du cuivre et son corps dans ses bras tremblait. Elle était si petite, il passa ses bras autour d'elle pour la soutenir, il était perdu. Il comprit alors, pourquoi les baisers dans les films étaient filmés de cette façon, avec la camera qui tourne sans fin autour du couple. Et comme si le sol n'était plus stable sous ses pieds, il s'accrocha à elle comme si elle pouvait le porter. Avec ses paumes douces posées sur son dos, il pouvait sentir sa respiration contre lui; un soupir au milieu du baiser. Les doigts fins de Clary couraient dans ses cheveux, sur son cou, s'entortillant doucement à ses mèches, et il se souvint de la première fois qu'il avait vu la fleur de minuit, de ce qu'il avait pensé : Voici quelque chose de si beau, de trop beau pour être vrai. Il entendit le bruit du vent un peu avant elle, il était habitué à l'entendre. Il se recula de Clary et vit Hugo, perché tout prés, au creux d'un cyprès nain. Ses bras enlaçaient toujours Clary, son corps léger pressé tout contre le sien. Ses yeux étaient à demis clos. "Ne crains rien, mais nous avons de la visite," murmura-t-il. "Si Hugo est là, Hodge n'est surement pas loin. Nous devrions y aller." Elle ouvrit grand ses yeux verts et prit un air amusé. Cela piqua un peu son égo. Après un tel baiser, n'aurait-elle pas dû s'évanouir? Au lieu de ça, elle souriait. Elle voulait savoir si Hodge les espionnait. Il la rassura, mais il sentit son rire délicat vibrer sur leurs doigts entremêlés pendant qu'ils descendaient la volée de marche... Mais comment diable leurs mains s'étaient elle jointes? Et il comprit. Il comprit pourquoi les gens se donnaient la main ; Il s'était toujours dit que c'était une question de propriété... Histoire de dire il ou elle est à moi. Mais en fait, c'était juste pour maintenir le contact, pour se parler sans un mot. C'était une manière de dire reste avec moi, ne t'en vas pas. Il voulait qu'elle vienne dans sa chambre. Mais sans arrières pensées... Aucune fille n'était entrée dans sa chambre sans arrières pensées. C'était son espace privé, son sanctuaire. Pourtant, il voulait Clary dans cet espace. Il voulait qu'elle le voit comme il était vraiment, pas l'image qu'il donnait aux autres. Il voulait s'allonger près d'elle dans son lit et la sentir se blottir tout contre lui. Il voulait la serrer dans ses bras, sentir son souffle dans la nuit; Il voulait la voir comme personne ne l'avait vu avant : vulnérable et endormie. La voir, mais aussi qu'elle le voit lui. Alors, lorsqu'ils atteignirent sa porte et qu'elle le remercia pour son pique-nique d'anniversaire, il ne put se résoudre à libérer sa main. "Tu as vraiment envie de dormir?" Elle souleva la tête et il put constater que ses lèvres portaient encore la marque de son baiser : un éclat rosé comme la teinte des œillets de la serre ; son estomac se serra. Par l'Ange, pensa-t-il, Je suis complètement... "Tu n'est pas fatigué?" demanda-t-elle interrompant le fil de ses pensées. Il avait une boule au creux de son estomac, une sorte de tension nerveuse. Il voulait la ramener contre lui, pour lui transmettre tout ce qu'il ressentait : son admiration, son savoir, sa dévotion, ses besoins. "Je n'ai jamais été aussi éveillé." Elle souleva le menton dans un mouvement rapide et irréfléchi, et il se pencha, caressant son visage de sa main libre. Il ne voulait pas l'embrasser ici, où il y avait trop de passage et où il était si facile d'être interrompu... Mais il ne pouvait pas se priver de sentir sa bouche sur la sienne, si douce. Ses lèvres contre les siennes, il se pencha davantage et ne pouvait plus s'arrêter. Je suis complètement... C'est à ce moment précis que Simon ouvrit la porte de sa chambre à la volée et sortit dans le hall. Clary s'écarta vivement de Jace, détournant la tête, il en éprouva une cuisante douleur comme un pansement qu'on arrache brutalement de la peau.
Je suis complètement fichu!
La Cité des Cendres[]
Premier baiser entre Alec et Magnus[]
Debout devant la cage d’escalier de la maison de Magnus, Alec fixait le nom écrit sur le mur, sous la sonnette. BANE. Ce nom n'allait pas vraiment à Magnus, pensa-t-il, pas à présent qu'il le connaissait. Si on peut dire connaître d'une personne chez qui on est venu à une fête, une fois, et qui ensuite vous a sauvé la vie mais ne s'est pas attardé pour être remercié. Mais le nom de Magnus Bane, lui fit penser à quelqu'un de prestigieux, avec de larges épaules et une robe traditionnelle de sorcier, qui tombait flamboyante et lumineuse. Mais ça ne collait pas à Magnus lui-même, il ressemblait plus au croisement d'une panthère et d'un elfe dément.
Alec prit une profonde respiration et se lança. Il n'était pas venu aussi loin, pour reculer maintenant. L'ampoule nue bougeant au-dessus de sa tête, projetait des ombres discrètes lorsqu'il atteint la sonnette et la pressa. Un instant plus tard une voix raisonna dans la cage d'escalier. "Qui appelle le grand Sorcier ?" "Euh," dit Alec. "C'est moi. Je veux dire, Alec. Alec Lightwood." Il y eut un étrange silence, comme si le vestibule lui-même était surpris. Puis un ping, et une deuxième porte s'ouvrit, lui révélant le palier. Il grimpa les vieilles marches dans la pénombre. Il y avait comme une odeur de Pizza et de Poussière. Le second escalier était éclairé, la porte au bout était ouverte et Magnus Bane était appuyé dans l'entrée.
En comparaison de la première fois où il l'avait vu, il avait l'air presque normal. Ces cheveux noirs toujours dressés en pointes, il paraissait endormi ; et son visage était jeune malgré ses yeux de chat. Il portait un t-shirt noir avec les mots 'Un million de Dollars' écrits en travers de sa poitrine avec des sequins, et un jean qui tombait bas sur ses hanches, si bas qu'Alec regarda ailleurs. Il baissa les yeux vers ses propres chaussures... Qui était d'un ennui. "Alexander Lightwood, "dit Magnus. Il avait juste quelques traces d'un accent, Alec n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, le son harmonieux de ses voyelles peut-être. "Que me vaut ce plaisir ?"
Alec regarda derrière Magnus."Avez-vous... de la compagnie ?" Magnus croisa ses bras, ce qui mit en valeur ses biceps, et il s'appuya contre le montant de la porte. "Pourquoi voudrais-tu le savoir ?""J'espérais pouvoir entrer et discuter avec vous." "Hum." Les yeux de Magnus le considérèrent de haut en bas. Ils brillaient vraiment dans la nuit comme ceux d'un chat. "Bon, très bien alors." Il se tourna brusquement et disparut dans l'appartement. Alec le suivit. Le loft avait l'air différent sans tous ces corps en mouvement à l'intérieur. Il n'était pas... Ordinaire, mais représentait un espace dans lequel quelqu'un pouvait vivre. Comme beaucoup de lofts, il y avait une grande pièce centrale séparée en "pièces" par des fournitures assemblées. Il y avait une collection de sofa disposée en carré et des tables sur leur droite, vers lesquels Magnus appelait Alec d'un geste. Alec pris place dans un canapé en velours doré avec d'élégantes fioritures sur les accoudoirs. "Voudrais-tu du thé ?"demanda Magnus, ses longues jambes tendues devant lui.
Alec hocha la tête. Il se sentait incapable de dire quoi que ce soit. Rien qui fût intéressant ou intelligent. L’apanage des bons mots revenait à Jace. Lui était le parabatai de Jace et c'était la seule gloire qu'il voulait et dont il avait besoin : C'était comme être l'étoile noire de la supernova de quelqu'un d'autre. Mais pour l'heure, c'était un endroit où Jace ne pouvait pas aller avec lui, une chose pour laquelle Jace ne serait d'aucune utilité. "Avec plaisir". Soudain, il sentit de la chaleur dans sa main droite. Il la regarda, et réalisa qu'il était en train de porter un gobelet de chez Joe, 'l'art du café". Ça sentait le Chai. Il sursauta et manqua de peu de tout renverser sur lui "Par l'ange !" "J'ADORE cette expression, "dit Magnus. "C’est si singulier." Alec le fixa. "Avez-vous volé ce thé ?" Magnus ignora la question "Alors..." dit-il. "Pourquoi es-tu là ?" Alec but une gorgée du thé volé. "Je voulais vous remercier, "dit-il, en soulevant le nez pour respirer."De m'avoir sauvé la vie."
Magnus s'appuya en arrière sur ses mains, presque allongé. Son T-shirt se souleva révélant une partie de son abdomen plat ; à ce moment, Alec n'avait nulle part ailleurs où regarder. "Tu voulais me remercier ?" "Vous m’avez sauvé la vie," répéta Alec. "Mais je délirais et je ne suis pas certain de vous avoir vraiment remercié. Je sais que vous n'étiez pas obligé de le faire. Donc, Merci."
Les sourcils de Magnus disparurent sous la ligne de se cheveux. "Eh bien... de rien ?" Alec reposa son thé " Peut-être que je devrais partir." Magnus se redressa en position assise. "Après être venu aussi loin ? Tout ce chemin jusqu'à Brooklyn ? Juste pour me dire merci ?" Il sourit."Si tu partais maintenant ce serait un effort inutile." Il tendit une main vers la joue d'Alec, son pouce effleura sa pommette. Ce contact était comme du feu laissant des étincelles dans son sillage. Alec resta pétrifié de surprise. Surpris par le geste mais aussi par l'effet que ce geste avait sur lui. Les yeux de Magnus se rétrécirent, et il laissa tomber sa main. "Ho, ho, " se dit-il.
"Quoi ?" Alec avait la soudaine impression d'avoir fait quelque chose de mal. "Qu'est-ce qui se passe ?" "C'est juste..." une ombre bougea derrière Magnus ; Avec une agilité fluide, le sorcier se retourna et attrapa sur le sol un petit chat gris avec un tablier de poils blancs. Le chat se blottit dans le creux de ses bras et adressa un regard inquisiteur vers Alec. À présent, deux paires d'yeux dorés le regardaient avec noirceur. "Pas exactement ce à quoi je m'attendais." "De la part d'un chasseur d'ombres ?" "De la part d'un Lightwood." "Je n'avais pas réalisé à quel point vous connaissiez bien ma famille." "Je connais ta famille depuis des centaines d'années" Magnus cherchait son visage du regard. "Ta sœur, c'est une Lightwood. Tu..." "Elle a dit que vous m'aimiez bien." "Quoi ?" "Izzy, ma sœur. Elle m'a dit que vous m'aimiez bien. Que vous m'aimiez vraiment bien, bien."
"Que je t'aimais bien, bien ?" Magnus camoufla son sourire dans la fourrure du chat. "Excuse-moi, mais il est quelle heure là ? Parce que je ne me souviens pas avoir dit quoique ce soit à Isabelle..."
"Jace l'a dit aussi." Alec était franc, c'était la seule façon d'être qu'il connaissait. "Il a dit que vous m'aimiez bien, que quand il est venu ici, quand il a sonné, vous aviez été déçu de voir que c'était lui parce que vous croyiez que c'était moi. Ça ne s'est jamais produit c'est ça ?"
"Ça aurait dû. Oui, ça aurait pu."
Alec était confus. "Non... Je veux dire Jace, il est...Jace."
"Il est troublant," concéda Magnus. "Mais tu n'es pas du tout sans subtilité. Ce qui pour un Lightwood est une véritable énigme. Ta famille m'a toujours intriguée, comme des Borgias au rabais. Mais il n'y a pas de mensonges sur ton visage. J'ai le sentiment que tout ce que tu dis est franc et direct." Alec se pencha en avant. "Veux-tu sortir avec moi ? Magnus cligna des paupières. "Voilà ce que je voulais dire. C'est ce que j'appelle être Direct." Alec se mâchouilla la lèvre et ne dit rien. "Pourquoi voudrais-tu sortir avec moi ?"s'enquit Magnus. Il grattait la tête de Chairman Meow, ses longs doigts rabattant les oreilles du chat. "Ce n'est pas que je ne sois pas extrêmement désirable, mais c'est la façon de le demander. Il m'a semblé que tu avais comme une certitude..."
"C'est le cas," Dit Alec. "Et je croyais que tu m'aimais bien, et que tu dirais oui, et que je pourrais essayer... Je veux dire, nous pourrions essayer..." Il mit sa tête entre ses mains "peut-être que c'était une erreur". La voix de Magnus se fit douce. "Quelqu'un sait que tu es gay ?" La tête d'Alec se releva brusquement ; il trouva qu'il respirait peut-être un peu fort, comme s'il avait couru un marathon. Mais que pouvait-il faire, nier ? Alors que le fait qu'il soit là disait exactement le contraire ? "Clary,"dit-il d'une voix rauque. "Elle l'a appris par... Par accident. Et Izzy, mais elle ne m'en a jamais parlé." "Ni tes parents. Ni Jace ?"Alec pensa à ce que pouvait savoir Jace, et refoula cette pensée aussitôt. "Non, Non, et je ne veux pas qu'ils sachent. Surtout pas Jace." "Je pense que tu pourrais le lui dire" Magnus gratta Chairman Meow sous le menton. "Il était en mille morceaux, comme un puzzle quand il a cru que tu allais mourir. Il tient à..." "Il ne devrait pas." Alec continuait à respirer vite. Il se frotta les mains sur son jean au niveau des genoux. "Je n'ai jamais eu de rencard," dit-il à voix basse."Jamais vraiment embrassé personne, non plus. Izzy a dit que tu m'aimais bien alors j'ai cru..." "Je ne voudrais pas être antipathique, mais est-ce que tu m'apprécies ? Parce que ce truc d'être Gay ne signifie pas que tu doives te jeter au cou du premier mec venu en te disant que c'est bien du moment que ce n'est pas une fille. Les sentiments sont importants aussi."
Alec se souvint de sa chambre à l'institut, d'être en plein délire à cause du poison et de la douleur, quand Magnus y était entré. Il l'avait à peine reconnu. Il était quasi certain d'avoir crié pour ses parents, Jace, Izzy, mais sa voix ne sortait qu'en soupirs. Il se rappelait des mains de Magnus posées sur lui, ses doigts froids et doux. Il se souvint de l'emprise de la mort et d'avoir tenu le poignet de Magnus pendant des heures et des heures, même quand la douleur s'était dissipée et qu'il savait qu'il allait mieux. Il se souvint du visage de Magnus illuminé par le soleil levant, les éclats d'or du soleil étincelants dans ses yeux, et il repensa à quel point il était beau avec son élégance et son regard de chat. "Oui, "dit Alec."Je t'apprécie." Il rencontra le regard en coin de Magnus. Le sorcier l'observait avec un mélange de curiosité, d'affection et d'étonnement. "C'est tellement curieux," dit Magnus."La génétique. Tes yeux, cette couleur..."Il s’interrompit et secoua la tête. "Les Lightwoods, tu savais qu'ils n’avaient pas les yeux bleus ?" "Ce sont des monstres aux yeux verts, "dit Magnus en souriant. Il reposa Chairman Meow sur le sol, et le chat avança vers Alec, et se frotta contre sa jambe. "Monsieur Chairman t'aime bien." "Et c'est un bon point ?" "Je ne sors jamais avec quelqu'un que mon chat n'aime pas," dit Magnus en se levant." Alors disons vendredi soir ?" Alec fut parcouru par une énorme vague de soulagement. "Vraiment ? Tu veux sortir avec moi ?" Magnus secoua la tête."Tu dois arrêter de douter Alexander. Ça rend les choses difficiles." Il sourit. Il avait un sourire comme celui de Jace. Non pas qu'ils se ressemblent, mais c'était le genre de sourire qui illumine tout le visage." Allez, je te raccompagne." Alec suivit Magnus jusqu'à la porte, sentant qu'on lui avait retiré un poids des épaules, un poids qu'il n'imaginait même pas porter. Bien entendu il aurait une excuse à trouver pour les autres, afin de justifier sa sortie de vendredi soir, un truc auquel Jace n'aurait pas envie de participer, quelque chose qui nécessite qu'il soit seul. Ou bien il pourrait prétendre être malade et se faufiler à l'extérieur à la nuit tombée. Il était tellement absorbé dans ses pensées qu'il manqua de rentrer dans la porte. Magnus était appuyé sur son montant et le regardait à travers des yeux mi-clos qui s'agrandirent. "Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda Alec. "Jamais embrassé personne ?" Dit Magnus."Vraiment jamais ?" "Non, " répondit Alec, en espérant que cela ne le discrédite pas comme rancard potentiel."Jamais un vrai baiser..." "Viens là." Magnus le saisit par le coude et l'attira contre lui. Pendant un instant Alec fut complètement désorienté par la sensation d'être si près de quelqu'un, du genre de personne dont il voulait être proche depuis si longtemps. Magnus était grand et mince mais pas maigre non plus ; Son corps était fort, ses bras légèrement musclés mais puissants ; il était un peu plus grand qu'Alec, ce qui n'arrivait que très rarement, et ils allaient si bien ensemble. Les doigts de Magnus glissèrent sous le menton d'Alec, soulevant son visage et ils s’embrassèrent. Alec entendit un soupir s'échapper de sa propre gorge et leurs bouches se rencontrèrent avec une sorte d'urgence contrôlée. Magnus, pensa Alec abasourdi, savait vraiment comment s'y prendre. Ses lèvres étaient douces, et il entrouvrit celles d'Alec avec un certain talent, explorant sa bouche : Une symphonie de lèvres, dents, langue, chaque mouvement réveillant une terminaison nerveuse qu'Alec ignorait posséder. Il trouva la taille de Magnus avec ses doigts, toucha la bande de peau nue qu'il avait essayé d'éviter jusque-là, et glissa ses mains sous le t-shirt de Magnus. Magnus tressaillit, puis se détendit, ses mains descendant le long des bras d'Alec de sa poitrine à sa taille, trouvant les passants de ceintures de son jean dont il se servit pour l'attirer encore plus près. Sa bouche quitta celle d'Alec pour trouver sa gorge. Alec sentit la chaude pression de ses lèvres sur cette partie de peau si sensible qu'elle semblait directement connectée aux os de ses jambes. Elles étaient sur le point de céder. Juste avant qu'il ne s'effondre sur le sol, Magnus le laissa partir. Ses yeux brillaient autant que sa bouche. "À présent tu as été embrassé, "dit-Il, en restant derrière lui, devant la porte ouverte. "On se voit vendredi ?" Alec s'éclaircit la gorge. Il était étourdi mais se sentait vivant. Son sang affluant dans ses veines comme une circulation trop rapide, tout paraissait lumineux et très coloré. En franchissant la porte, il se retourna vers Magnus qui le regarda perplexe. Il s'avança vers lui, pour empoigner son tee-shirt et attirer le sorcier contre lui. Magnus trébucha contre lui, et Alec l'embrassa, avec force et rapidité de manière désordonnée et maladroite, mais c'était tout ce qu'il avait. Il pressa Magnus contre lui, sa propre main entre eux, et il sentit le cœur de Magnus dérater dans sa poitrine. Puis il interrompit ce baiser, et recula. "Vendredi" dit-il, et il laissa Magnus. Il descendit la volée de marches, le regard de Magnus posé sur lui. Le sorcier croisa les bras sur son tee-shirt, froissé à l'endroit où Alec l'avait saisi, et secoua la tête en souriant. "Ah les Lightwoods" s'exclama Magnus "Il faut toujours qu'ils aient le dernier mot." Il ferma la porte derrière lui, et Alec dévala les marches deux par deux, son sang continuant de chanter dans ses oreilles comme une mélodie.
La Cour des Lumières du point de vue de Jace[]
- Cette scène se passe pendant les pages 170/174 (en VO) de l’Epée Mortelle (City of Ashes) (La cité des cendres : nouvelle édition) dans le chapitre de la Cour des Lumières, ici du point de vue de Jace. Je lui ai même donné un nom "Parce que c’est amertume".
Cassandra Clare
- Je sais que je ne laisserai pas ma sœur ici. Puisque vous n’avez rien à apprendre d’elle ou de moi, peut-être pourriez-vous consentir à la relâcher ? dit Jace
La Reine sourit, c’était un sourire à la fois magnifique et terrible. La Reine avait ce charme inhumain que possède le Petit Peuple. Son charme ressemblait plus à la beauté d’un diamant qu’à celle d’un être humain. La Reine n’avait pas l’air d’avoir un âge particulier, elle aurait pu avoir 16 ou 45 ans. Jace pensa que certains pouvaient la trouver attirante — des gens étaient morts pour l’amour de la Reine — mais l’effet qu’elle avait sur lui était plutôt celui d’avoir bu trop vite de l’eau très froide.
- Et si je te disais que seul un baiser peut la délivrer ?
C’est Clary qui répondit éberluée :
- Vous voulez que Jace vous embrasse ?
Pendant que la Reine et les courtisans riaient cette sensation de froid s’intensifia dans l’estomac de Jace. Il se dit que Clary ne comprenait pas le Petit Peuple, il avait essayé de lui expliquer mais ce n’était pas évident. Quoique la Reine attende d’eux ce n’était pas un baiser de Jace qu’elle voulait. Si cela avait été le cas elle l’aurait demandé sans en faire tout un spectacle. Ce qu’elle voulait c’était les voir se débattre, épinglés tels des papillons. Il avait souvent pensé que c’était quelque chose causé par l’immortalité, cela émoussait vos sens, vos émotions et les incontrôlables, pitoyables réactions des êtres humains étaient pour le Petit Peuple pareils à du sang pour un vampire. Quelque chose de vivant. Quelque chose qu’ils ne possédaient pas.
- C’est une idée tout à fait charmante dit la Reine jetant un regard vers Jace — ses yeux étaient verts comme ceux de Clary mais ils ne ressemblaient pas du tout à ceux de Clary — mais cela ne la libérera pas.
- Je pourrais embrasser Meliorn suggéra Isabelle en haussant les épaules.
La Reine secoua la tête doucement.
- Cela non plus. Ni aucun autre de mes courtisans.
Isabelle leva les bras au ciel. Jace avait envie de lui demander ce à quoi elle s’attendait ; embrasser Meliorn ne l’aurait pas dérangée donc évidemment cela n’intéressait pas la Reine. Il se dit que c’était gentil de sa part d’avoir proposé mais Isa connaissait le Petit Peuple, elle avait déjà eu affaire à eux dans le passé et elle aurait dû savoir que ça ne fonctionnerait pas.
Peut-être que ce n’était pas juste le fait de savoir la façon dont le Petit Peuple pensait se demanda Jace. Peut-être était-ce le fait de savoir comment pensaient ceux qui aimaient être cruels juste pour le plaisir. Isabelle était irréfléchie et vaine parfois mais elle n’était pas cruelle. Elle rejeta ses cheveux noirs en arrière et leur dit d’une mine renfrognée :
- Que ce soit bien clair, il est hors de question que j’embrasse l’un d’entre vous
- Ce ne sera pas nécessaire dit Simon en avançant. S’il s’agit juste d’un baiser…
Il s’avança vers Clary qui ne bougea pas. La glace dans l’estomac de Jace se transforma en lave, il serra ses poings pendant que Simon attrapait doucement les bras de Clary et se pencha pour la regarder. Elle posa ses mains sur la taille de Simon comme si elle l’avait déjà fait des millions de fois auparavant. Peut-être que c’était le cas après tout. Il savait que Simon était amoureux d’elle, il l’avait su dès qu’il les avaient vus dans ce stupide café, l’autre garçon s’étouffant à moitié pour réussir à dire "Je t’aime" pendant que Clary regardait tout autour d’elle, intensément vivante, ses yeux verts regardant de tous côtés. "Tu ne l’intéresses pas Terrestre" avait-il pensé avec satisfaction, "oublie". Et puis il avait été surpris d’avoir pensé cela. Après tout, qu’est-ce que cela pouvait-il lui faire ce que pensait cette fille qu’il connaissait à peine ?
Il avait l’impression que cela faisait une éternité. Elle n’était plus une fille qu’il connaissait à peine, elle était Clary. Elle était cette chose dans sa vie qui avait plus d’importance que tout le reste et regarder Simon poser ses mains sur elle, là où il en avait envie le rendait malade et le remplissait d’une colère meurtrière. Le besoin de les séparer était si fort qu’il pouvait à peine respirer.
Clary se retourna pour le regarder, ses cheveux roux glissant sur son épaule. Elle avait l’air préoccupée, ce qui était encore pire. Il ne pouvait pas supporter de penser que Clary puisse être désolée pour lui. Il détourna vite la tête et aperçu du coin de l’œil le regard de la Reine qui brillait de plaisir. C’est ce qu’elle recherchait ; leur peine, leur désespoir.
- Non, ce n’est pas non plus ce que je veux dit la Reine à Simon d’une voix à la fois douce et tranchante.
Simon s’éloigna de Clary à Contrecoeur. Le soulagement qui coulait dans les veines de Jace comme du sang noya ce que ses amis étaient en train de dire. Pendant un instant tout ce qui lui importa c’était de savoir qu’il n’allait pas avoir à regarder Simon embrasser Clary. Puis il se concentra sur Clary, elle était très pâle et il ne put s’empêcher de se demander à quoi elle pensait. Était-elle déçue de ne pas être embrassée par Simon ? Soulagée comme lui ? Il se rappela de Simon embrassant sa main un peu plus tôt dans la journée et repoussa brusquement cette pensée tout en continuant de fixer sa sœur. "Regarde-moi" pensa-t-il "Si tu m’aimes, regarde-moi".
Elle croisa ses bras sur sa poitrine comme elle le faisait quand elle était énervée ou qu’elle avait froid mais elle ne le regarda pas. La conversation continua autour d’eux ; qui allait embrasser qui, ce qu’il allait se passer. Jace sentit monter en lui un élan de rage désespéré et comme d’habitude il l’évacua avec un commentaire sarcastique.
- Et bien moi, je refuse d’embrasser le Terrestre grommela Jace. Je préfère encore rester ici.
- Pour l’éternité ? lâcha Simon : ça fait long, tout de même.
Jace le regarda. Simon était probablement quelqu’un de bien pensa-t-il. Il aimait Clary, voulait s’occuper d’elle et la rendre heureuse. Il serait probablement un petit ami spectaculaire. Jace savait que logiquement c’est quelque chose qu’il aurait dû vouloir pour sa sœur. Mais il ne pouvait pas regarder Simon sans avoir envie de tuer quelqu’un.
- Je le savais ! Tu as envie de m’embrasser, c’est ça ?
- Bien sûr que non !
- Alors, c’est vrai ce qu’on dit, il n’y a pas d’hétéros dans les tranchées.
- Athées crétin ! dit Simon rouge de colère. "Il n’y a pas d’athées dans les tranchées".
C’est la Reine qui les interrompit, se penchant afin que son cou blanc et sa poitrine apparaissent au-dessus de la coupe basse de sa robe.
- Bien que tout cela soit très amusant, le baiser qui délivrera cette jeune fille est celui qu’elle désire le plus. Cela, et rien d’autre, dit la Reine.
Simon devint tout blanc. Si le baiser qu’elle désirait n’était pas celui de Simon alors… la façon dont elle regardait Jace et dont lui la regardait répondit à cette question.
Le cœur de Jace se mit à battre plus fort, il regarda la Reine.
- Pourquoi faites-vous cela ?
- Et moi qui pensais te faire plaisir ! dit-elle. Le désir va parfois de pair avec la révulsion, et il n’est pas toujours accordé comme une simple faveur à ceux qui le méritent entre tous. Étant donné que ma magie est enchaînée à mes mots, vous connaîtrez la vérité. Si elle ne désire pas ce baiser, elle ne sera pas délivrée.
Jace se sentit rougir. Il était vaguement conscient que Simon était en train d’argumenter sur le fait que Jace et Clary étaient frère et sœur, que ce n’était pas normal mais il l’ignora. La Reine le regarda et ses yeux étaient comme la mer avant la tempête et il avait envie de lui dire "merci".
Et c’est ce qui était le plus dangereux pensa-t-il pendant qu’autour de lui ses compagnons débattaient si Clary et Jace devaient vraiment le faire et ce que chacun d’eux était prêt à faire pour s’échapper de la Cour des Lumières. Autoriser la Reine à vous donner quelque chose que vous vouliez — que vous vouliez vraiment fort — c’était s’en remettre à elle. Il se demanda comment elle avait fait pour savoir. Comment avait-elle su que c’est ce à quoi il pensait, ce qu’il voulait, ce qui emplissait les rêves dont il se réveillait en sursaut et en sueur ? Que quand il pensait vraiment à la possibilité de ne plus jamais embrasser Clary il avait envie de mourir, envie d’avoir mal, d’être tellement blessé qu’il irait dans le grenier pour s’entraîner pendant des heures jusqu’à ce qu’il n’ait plus que le choix de s’évanouir d’épuisement. Il aurait des blessures au matin, des ecchymoses, des entailles, des éraflures et s’il avait pu toutes les nommer elles auraient eu toutes le même nom : Clary, Clary, Clary.
Simon continuait de parler, il était furieux.
- Tu n’as pas à faire ça Clary, c’est un piège…
- Pas un piège dit Jace qui s’étonna lui-même du calme de sa voix. "Mais un test".
Il regarda Clary, elle mordillait sa lèvre, la main prise dans une boucle de ses cheveux. C’était un geste qui lui était propre, tellement caractéristique que cela lui brisa le cœur. Simon était en train d’argumenter avec Isabelle et pendant ce temps la Reine les regardait comme un chat, d’un air amusé.
Isabelle était exaspérée.
- Qu’est-ce que cela peut faire de toute façon ? Ce n’est qu’un baiser.
- C’est juste dit Jace.
Clary leva la tête et finalement ses grands yeux verts se posèrent sur lui. Il se déplaça vers elle et comme à chaque fois le monde autour d’eux disparut jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’eux deux, c’était comme s’ils se trouvaient sur la scène éclairée d’une grande salle vide. Il mit sa main sur son épaule, la retournant ainsi pour qu’elle soit face à lui. Elle avait arrêté de mordre sa lèvre, ses joues étaient rouges, ses yeux d’un vert brillant. Il pouvait ressentir la tension présente dans son propre corps, l’effort que cela lui demandait de se retenir de la plaquer contre lui et prendre cette chance aussi dangereuse, stupide et imprudente soit-elle de pouvoir l’embrasser comme il ne pensait plus qu’il aurait dans sa vie l’occasion de l’embrasser ainsi.
- C’est juste un baiser dit-il et il entendit la dureté de sa propre voix, se demandant si elle l’avait entendue également. Non pas que cela change quelque chose, il n’avait pas moyen de le cacher, c’était trop. Il n’avait jamais auparavant "voulu" quelque chose comme ça. Il y avait eu d’autres filles pourtant. Parfois au milieu de la nuit, fixant les murs blancs de sa chambre il s’était demandé ce qui rendait Clary si différente. Elle était belle, mais d’autres filles l’étaient aussi. Elle était intelligente mais il y avait d’autres filles intelligentes. Elle le comprenait, riait en même temps que lui et voyait au travers des défenses qu’il avait placées afin qu’on ne voie pas ce qu’il y avait sous la surface. Il n’y avait pas de Jace Wayland plus réel que celui qu’il voyait dans ses yeux quand elle le regardait.
Mais peut-être aurait-il pu trouver ça ailleurs. Des gens tombaient amoureux, se séparaient et passaient à autre chose. Il ne savait pas pourquoi il n’y arrivait pas. Il ne savait pas pourquoi il n’avait même pas envie d’essayer. Tout ce qu’il savait c’est qu’il allait saisir cette chance, quoi qu’il doive à l’enfer ou au paradis par la suite.
Il se pencha, prit ses mains, entrelaçant ses doigts avec les siens et lui murmura à l’oreille :
- Tu peux fermer les yeux et penser à l’Angleterre si tu veux.
Elle ferma ses yeux, ses cils cuivrés formant des lignes sur sa peau pâle et fragile.
- Je n’ai jamais été en Angleterre dit-elle.
La douceur et l’anxiété de sa voix le prirent de court. Il n’avait jamais embrassé une fille sans savoir si elle le voulait également et d’habitude elles en avaient plus envie que lui. Mais c’était Clary et il ne savait pas ce qu’elle voulait. Il glissa ses mains par-dessus les siennes, le long du tee-shirt mouillé collant à son corps et enfin jusqu’à ses épaules. Ses yeux étaient toujours fermés mais elle trembla et s’appuya très légèrement contre lui, c’était la seule permission dont il avait besoin.
Il appuya ses lèvres contre les siennes. Tout le self-control qu’il s’était imposé ces dernières semaines se rua telle de l’eau se jetant contre un barrage rompu. Clary mit ses bras autour du cou de Jace et il la pressa contre lui. Elle était douce et souple mais étonnamment forte comparé à d’autres qu’il avait pu tenir dans ses bras. Il aplatit ses mains contre son dos, la rapprochant encore plus de lui. Elle était sur la pointe des pieds l’embrassant aussi férocement que lui l’embrassait. Il effleura ses lèvres avec sa langue, ouvrant sa bouche contre la sienne. Ses lèvres avaient un goût salé et doux comme l’eau des fées. Il se cramponna encore plus à elle, nouant ses mains dans ses cheveux et essayant avec sa bouche de lui dire toutes les choses qu’il ne pourrait jamais dire à voix haute :
- Je t’aime. Je t’aime et je m’en fiche que tu sois ma sœur. Ne sois pas avec lui, ne le désire pas, ne va pas avec lui. Sois avec moi. Désire-moi. Reste avec moi.
Je ne sais pas comment vivre sans toi.
Ses mains glissèrent jusqu’à sa taille et il la plaqua contre lui, perdu dans les sensations qui tourbillonnaient au travers de ses nerfs, son sang, ses os. Il n’avait aucune idée de ce qu’il aurait fait ou dit ensuite, cela aurait pu être quelque chose qu’il n’aurait pas pu faire semblant de ne jamais avoir dit. Mais à ce moment il entendit le rire de la Reine et cela le ramena à la réalité. Avant qu’il ne soit trop tard il éloigna Clary de lui décrochant ses mains de son cou et reculant. Cela lui donna l’impression de couper sa chair à vif mais il le fit.
Clary le regardait fixement, ses lèvres entrouvertes et ses mains toujours vers lui. Ses yeux étaient grands ouverts. Derrière eux Isabelle les regardait la bouche béante et Simon avait l’air d’être sur le point de vomir.
"C’est ma sœur" pensa Jace. "Ma sœur" Mais ces mots n’avaient aucune signification, ils auraient aussi bien pu être dans une langue étrangère. Si il y avait eu la moindre chance qu’il puisse considérer Clary comme sa sœur, ce qu’il venait de se passer entre eux avait explosé cette chance telle une météorite se fracassant sur la terre. Il essaya de lire le visage de Clary — ressentait-elle la même chose ? Mais on avait juste l’impression qu’elle voulait se retourner et partir en courant. "Je sais que tu l’as ressenti" lui dit-il avec ses yeux moitié triomphant, moitié amer, moitié suppliant. "Je sais que tu l’as ressenti aussi". Mais il n’y avait pas de réponse sur son visage, elle mit ses bras autour d’elle comme elle le faisait souvent quand elle était contrariée et elle les serra comme si elle avait froid. Elle détourna son regard.
Jace eut l’impression de recevoir un coup-de-poing directement dans le cœur. Il se retourna brusquement vers la Reine.
- Est-ce que c’était suffisant ? Ça vous a plu ? demanda-t-il
La Reine lui rendit son regard, un regard secret et spécial partagé juste entre eux deux. "Tu l’as mise en garde contre nous" avait l’air de dire son regard "que nous pourrions la blesser, la briser comme une brindille. Mais toi, toi qui pensais ne pas pouvoir être touché par cela, tu es celui qui a été brisé".
- Cela nous a plu dit-elle. Mais pas autant qu’à vous deux, on dirait.
Scène effacé[]
- Cette scène était dans l'ARC (Copie avancée du livre) de l'épée mortelle à l'origine et a ensuite été effacée. C'était une bonne scène pour Isabelle, Mais je pense qu'elle n'était pas vraiment nécessaire à l'histoire. Elle commence exactement en haut de la page 288 (dans l'édition américaine à couverture rigide).
"Comme c'est commode. Tout le monde est soit inconscient soit délirant manifestement," dit l'inquisitrice. Son ton tranchant réduit tout le monde au silence. "Créature obscure, tu sais parfaitement que Jonathan Morgenstern ne devrait pas être dans ta maison. Il aurait dû être écroué dans ta cellule de sorcier." "Je connais ton nom, Magnus Bane," poursuivit l'inquisitrice. "Et aussi d'autres détails te concernant. Tu as été élevé par les frères silencieux de Madrid au XVIIe siècle. Ils t'ont donné un nom et t’ont laissé sortir lorsque tu avais seize ans. Je sais ce que tu as fait, des choses que tu préférerais garder cacher. Cela t'a pris tellement de temps pour te bâtir une réputation ; Un mot de moi pourrait tout anéantir. Alors fais très, très attention si tu veux rester dans le coup. Tu as déjà manqué à tes devoirs une fois ; tu n'auras pas de deuxième chance." "Manquer à mes devoirs ? demanda Magnus en haussant les sourcils. "Juste en emmenant ce garçon ici ? Il n'y avait rien dans le contrat que j'ai signé qui stipulait que je ne pouvais pas l'emmener ici de mon propre chef." "Ce n'est pas ce que je te reproche," répliqua l'inquisitrice. "Par contre, le laisser voir son père l'autre nuit était ton erreur." Il y eut un silence étonné. Alec tomba à quatre pattes sur le sol, ses yeux cherchaient ceux de Jace... Mais Jace ne le regarderait pas, son visage était un masque. Luke prit la parole en premier. "C'est ridicule," s'exclama-t-il. Clary l'avait rarement vu aussi furieux. "Jace ne sait même pas où est Valentin. Alors arrête de le traquer de la sorte." "La traque, c'est ce que je fais de mieux, créature obscure, " répliqua l'inquisitrice. "Elle se tourna vers Jace. Dis la vérité, maintenant mon garçon, et tout sera plus simple." Jace souleva son menton. "Je n'ai rien à vous dire." "Vraiment ?" Les mots de l'inquisitrice claquèrent comme un fouet. "Si tu es innocent, pourquoi n'essayes-tu pas de te disculper ? Dis-nous où tu étais la nuit dernière. Parle-nous du petit bateau de Valentin."
Clary le fixa. Elle ne pouvait rien lire sur son visage. Je suis allé faire un tour, avait-il dit. Mais cela ne voulait rien dire. Peut-être était-il vraiment allé faire un tour. Mais le malaise dans son cœur et son ventre lui disait le contraire. Tu sais quelle est la pire chose selon moi ? avait expliqué Simon. Ne pas faire confiance à la personne que tu aimes le plus au monde...
Comme Jace ne parlait pas, Robert Lightwood reprit de sa voix profonde et grave : "Imogène ? Tu dis que Valentin est...était... sur un bateau ?" "Au milieu de l'East River, " précisa L'inquisitrice. "C'est exact." "Voilà pourquoi je ne pouvais pas le trouver," dit Magnus, à mi-voix comme pour lui-même. Il avait toujours l'air étonné. "Toute cette eau... cela troublait mon sortilège." "Mais comment Jace a-t-il pu aller là-bas ?" demanda Luke, perplexe. "Les chasseurs d'ombres sont de bons nageurs, mais la rivière est gelée... et dégoûtante..." "Il volait," expliqua l'inquisitrice. "Il a emprunté la moto du chef des Vampires de cette ville et a volé jusqu'au bateau. N'est-ce pas, Jonathan ?" Jace laissa tomber ses mains en serrant les poings. "Mon nom est Jace." "Il n'y a pas de Jace, Jace est un fantôme, une invention de ton père et toi pour pousser les Lightwood à t'aimer. Tu es le fils de ton père et tu l'as toujours été." L'inquisitrice se tourna vers Isabelle. "Va faire un tour sur le côté de cette maison," ordonna-t-elle. "Tu trouveras une allée étroite avec des poubelles. Quelque chose en bloque le passage tout au bout, quelque chose de couvert par une bâche. De retour, tu nous diras ce que c'est." "Izzy." Jace était tendu."tu n'as pas à faire tout ce qu'elle te demande." Les yeux sombres d'Isabelle étincelaient comme des feux de Bengale. "Je veux le faire. Je veux lui prouver qu'elle se trompe à ton sujet." Elle parlait comme si l'inquisitrice n'était pas là alors qu'elle se dressait sur ses pieds. "Je serai bientôt de retour". "Isabelle--" Mais, elle était partie, la porte se refermant lentement derrière elle. Luke avança vers Jace et essaya de poser une main sur son épaule, mais Jace le repoussa et alla s'appuyer contre le mur. L'inquisitrice le regardait avec avidité, comme si elle voulait boire sa tristesse comme du vin. Saleté de vicieuse, pensa Clary. Pourquoi le torture-t-elle comme ça ? Parce qu'elle a raison. La réponse lui parvint comme si quelqu'un d'autre la lui avait soufflée dans sa tête contre sa volonté. Il a fait exactement tout ce qu'elle prétend, regarde son visage. Mais le visage de Jace était blanc, ses yeux étaient la seule chose vivante sous cette façade lisse. Peut-être était-ce un plan pour discréditer l'inquisitrice. Pourtant elle n'avait pas l'air de quelqu'un qui avait peur d'être discrédité, elle avait l'air... La porte d'entrée s'ouvrit à la volée avec fracas et Isabelle avança dans la pièce, ses cheveux noirs flottant autour de son visage. Son regard passa du visage impatient de l'inquisitrice à celui inquiet de ses parents, de la mâchoire serrée de Jace au regard furieux d'Alec, et dit, "Je ne sais pas de quoi elle parle, Il n'y a absolument rien là-bas." L'inquisitrice tendit son cou et redressa la tête comme un cobra."Tu es une menteuse!" "Fais attention à ta façon de parler à ma fille, Imogène," protesta Maryse. Sa voix était calme mais ses yeux bleus lançaient des flammes. L'inquisitrice l'ignora. "Isabelle," reprit-elle, son ton radoucit au prix d'un effort important,"Je comprends ta loyauté envers ton ami..." "Ce n'est pas mon ami." Isabelle regarda Jace qui la fixait soudain l'air ahuri. "C'est mon frère."
"Non," protesta l'inquisitrice, sur un ton presque compatissant, " Il ne l'est pas." soupira-t-elle. " Tu réalises à quel point, refuser des informations à un officier de l'enclave est une infraction à la loi ?" Isabelle souleva son menton, ses yeux flamboyaient. En pareil instant, elle n'était autre qu'une copie miniature de sa mère. "Bien sûr que je le sais. Je ne suis pas stupide."
"Non de Dieu, Imogène," claqua Luke, "Tu n'as pas mieux à faire que de brutaliser une bande de gosses ? Isabelle t'a dit qu'elle n'avait rien vu ; va-t’en maintenant." "Des gosses ?" L'inquisitrice tourna vers Luke un regard glacial. "Comme quand tu étais un gosse, et que le cercle complotait pour détruire l'enclave ? Tout comme quand mon fils était gosse et qu'il..." Elle se retint d'en dire plus hors d'haleine, comme si elle essayait de reprendre le contrôle d'elle-même par la force. "Donc c'est à propos de Stephen, voilà tout," dit Luke, avec une sorte de pitié dans la voix. "Imogène..." Le visage de L'inquisitrice se déforma."Stephen n'a rien à voir là-dedans! La Loi! Seule la loi compte!" Elle se tourna vers Isabelle qui eut un mouvement de recul, surprise par la fureur qui se lisait sur le visage de la vieille femme. "En me défiant, tu as enfreint la loi, Isabelle Lightwood! Je pourrais te faire retirer tes marques pour ça!" Isabelle retrouva sa contenance. "Vous pouvez prendre votre loi, " répliqua-t-elle sur un ton mesuré " et vous la carrer où je pense..." "Elle ment" Les mots furent prononcés avec résolution, et presque sans sentiment. Clary mit un instant pour réaliser que ces mots avaient été prononcés par Jace ; Il s'était avancé vers l'inquisitrice et lui faisait face masquant Isabelle à ses yeux à présent. "Vous avez raison. J'ai fait tout ce que vous avez dit. J'ai pris la moto, j'ai traversé la rivière, J'ai vu mon père, et je suis revenu et j'ai caché la moto au bout de l'allée. Je viens de tout admettre alors foutez la paix à Isabelle."
La Cité de Verre[]
La Sombre Transformation[]
- Ce bonus explique comment Jonathan Morgenstern s’est emparé de l’identité de Sébastien Verlac…La scène se passe en France... entre la cité des cendres et la cité de verre...
C’était un tout petit bar dans une rue étroite et en pente dans une ville fortifiée pleine d’ombres. Jonathan Morgenstern était assis au bar depuis au moins un quart d’heure, terminant un verre tranquillement, juste avant il était debout et avait descendu la volée de marches en bois branlante du club. Le son de la musique semblait essayer de le repousser vers le haut alors qu’il était en train de descendre : il pouvait sentir le bois vibrer sous ses pieds.
L’endroit était rempli de corps se trémoussant et d’une épaisse fumée. C’était le genre d’endroit où les démons aimaient rôder. C’était donc le genre d’endroit que les chasseurs de démons fréquentaient. Et l’endroit parfait pour quelqu’un qui chassait un chasseur de démons.
La fumée teintée dérivait dans l’air, diffusant ses effluves vaguement acides. Il y avait de longs miroirs tout le long des murs du club. Il pouvait se voir pendant qu’il se déplaçait à travers la pièce. Une silhouette élancée toute de noir vêtue, avec les cheveux de son père, blanc comme la neige. L’humidité était omniprésente dans le club sans air et ou régnait une chaleur étouffante, et son T-shirt collait à son dos en sueur. Un anneau d’argent brillait sur sa main droite alors qu’il scrutait la salle à la recherche de sa proie. Et il était là, au comptoir, comme s’il essayait de se fondre parmi les terrestres. Un garçon. Dix-sept ans tout au plus. Un Chasseur d’ombres. Sébastien Verlac
D’ordinaire, Jonathan ne manifestait aucun intérêt particulier pour les jeunes gens de son âge — s’il y avait quelque chose de plus insipide qu’un adulte, c’était un autre adolescent — mais Sébastien Verlac était différent. Jonathan l’avait choisi méticuleusement et spécifiquement, à la manière dont on pourrait choisir un costume cher et sur mesure.
Jonathan avança vers lui d’une démarche nonchalante, en prenant son temps et en détaillant le garçon. Il avait vu des photos, bien sûr, mais les gens ont toujours l’air différents en photo par rapport à la réalité. Sébastien était grand, la même taille que Jonathan, et avait le même physique élancé. Ses vêtements iraient parfaitement à Jonathan. Ses cheveux étaient sombres — Jonathan n’aurait qu’à teindre les siens, ce qui était ennuyeux, mais pas impossible. Ses yeux étaient noirs aussi, et ses traits, quoiqu’irréguliers, s’harmonisaient agréablement : il avait un charisme sympathique plutôt attirant. Il semblait facile à mettre en confiance, facile à faire sourire. Il avait l’air un peu fou.
Jonathan s’appuya contre le comptoir. Il tourna la tête, permettant à l’autre garçon de comprendre qu’il pouvait le voir.
"Bonjour. " dit Jonathan en Français
« Hello, » répondit Sébastien, en anglais, la langue d’Idris, il le prononça cependant avec un léger accent français. Ses yeux s’étrécirent. Il avait l’air très surpris d’être vu, du coup, il se demandait ce que Jonathan pouvait bien être : un compagnon Chasseur d’ombres, ou un sorcier avec une marque qui n’était pas visible ?
Il va t’arriver quelque chose de mal, pensa Jonathan. Et tu n’es même pas au courant.
« Je te montre la mienne, si tu me montres la tienne, » suggéra-t-il en souriant. Il pouvait se voir sourire dans le miroir crasseux au-dessus du comptoir. Il savait que la façon dont cela éclairait son visage, le rendait presque irrésistible. Son père l’avait entraîné pendant des années à sourire comme ça, comme un être humain. La main de Sébastien se crispa sur le bord du comptoir.
" Je ne sais pas… "
Jonathan élargit davantage son sourire et tourna sa main droite sur le comptoir pour montrer la rune de double vue sur le dos de celle-ci.
Sébastien exprima un soupir de soulagement, il rayonnait de cette rencontre, comme si tous les chasseurs d’ombres étaient des bons camarades ou des amis potentiels.
"Es-tu en route pour Idris, aussi ?" Demanda Jonathan.
Il conserva un ton professionnel, comme s’il était en contact régulier avec l’Enclave. Un autre chasseur d’ombres destiné à protéger les innocents et qui n’en a jamais assez !
« En effet », répondit Sébastien. « Je pars représenter l’Institut de Paris. Oh et, au fait, je suis Sébastien Verlac".
"Ah, un Verlac. Une ancienne bonne famille."
Jonathan accepta la main qu’il lui tendait et la serra fermement. "Andrew Blackthorn », dit-il avec aisance. « de l’Institut de Los Angeles, mais j’ai étudié à Rome. J’avais envie de revenir en terre d’Alicante, pour profiter de la vue. " Il avait étudié les Blackthorn, une grande famille, et savait que les Verlac et eux n’avaient pas été dans la même ville depuis dix ans. Il était certain qu’il n’aurait aucun souci à répondre avec un nom d’emprunt : ça ne lui avait jamais posé de problème. Il ne s’était jamais senti particulièrement attaché à son vrai nom, peut-être parce qu’il avait toujours su qu’il n’était pas le seul à le porter.
L’autre Jonathan avait été élevé dans une maison non loin de la sienne, visité par son père. Le petit ange de son papa.
"Je n’ai pas vu d’autres chasseurs d’ombres depuis des siècles", poursuivit Sébastien. Il avait parlé, mais Jonathan avait oublié de lui prêter attention. "C’est drôle de te rencontrer ainsi. Ça doit être mon jour de chance. "
"Certainement », murmura Jonathan.
"Bien que ce ne soit pas entièrement dû au hasard, bien sûr. Je suppose que tu as entendu parler d’un démon Eluthied qui rôderait dans cet endroit ? " Sébastien sourit et prit une dernière gorgée de son verre avant de le poser sur le comptoir.
« Après avoir tué cette chose, nous devrions prendre un verre pour fêter ça."
Jonathan opina du chef et essaya de se concentrer en inspectant la pièce comme s’il y cherchait des démons. Ils se tenaient épaule contre épaule, comme des frères d’armes. C’était si facile que c’en était presque ennuyeux : tout ce qu’il avait eu à faire était de se montrer, et voilà Sébastien Verlac comme un agneau offrant sa gorge à la lame. Qui pouvait faire confiance aux gens comme ça ? Qui voulaient trouver des amis si facilement ?
Il n’avait jamais été très aimable avec d’autres personnes. Bien sûr, il n’en avait jamais eu l’occasion, son père les avait tenus à l’écart, lui et l’autre Jonathan. Un enfant avec du sang de démon et un enfant avec du sang d’ange : élevés tous les deux comme ses propres enfants et voir lequel des deux rendra papa le plus fier. L’autre garçon avait échoué à un test quand il était plus jeune et avait été renvoyé. Jonathan le savait très bien. Il avait passé tous les tests que leur père avait organisés pour lui. Peut-être les avait-il passés un peu trop bien, trop parfaitement, imperturbable dans la chambre d’isolement et avec les animaux, le fouet ou la chasse. Parfois, Jonathan avait aperçu une ombre dans les yeux de son père, mais il n’aurait su dire si c’était de la peine ou le doute. Mais pourquoi aurait-il été triste ? Pourquoi devrait-il douter ? Jonathan n’était-il pas le parfait guerrier ? N’était-il pas tout ce que son père avait voulu créer ?
Les êtres humains étaient si déroutants.
Jonathan n’avait jamais aimé l’idée de la présence de l’autre Jonathan, le fait que père puisse avoir un autre garçon, un garçon qui parfois le faisait sourire sans cette ombre dans ses yeux. Une fois, Jonathan avait coupé l’un de ses mannequins au niveau des genoux pour s’exercer, et avait passé une agréable journée à l’étrangler, l’éventrer, et le découper du cou au nombril. Quand son père lui avait demandé pourquoi il avait coupé une partie des jambes, Jonathan lui avait dit qu’il voulait voir ce que ça faisait de tuer un garçon de sa propre taille.
« Je ne me souviens plus, je te prie de m’excuser", dit Sébastien, qui était en passe de devenir agaçant avec ses bavardages. « Combien y a-t-il de membres dans ta famille ?"
"Oh, nous sommes nombreux," répondit Jonathan.
« Huit au total. J’ai quatre frères et trois sœurs ». Les Blackthorn étaient vraiment huit : Jonathan avait effectué des recherches approfondies. Il ne pouvait pas imaginer ce que ça pouvait être — tant de gens, tout ce désordre. Jonathan avait aussi une sœur de sang, même ils ne s’étaient jamais rencontrés.
Père lui avait parlé de sa mère qui s’était enfuie lorsque Jonathan était bébé. Elle était enceinte à nouveau, et inexplicablement sentimentale et malheureuse parce qu’elle s’opposait à ce que son enfant soit amélioré. Mais elle avait fui trop tard, père avait déjà fait en sorte que Clarissa ait des pouvoirs angéliques. Il y avait seulement quelques semaines, père avait rencontré Clarissa pour la première fois, et lors de leur deuxième rencontre Clarissa lui avait prouvé qu’elle savait comment utiliser ses pouvoirs. Elle avait envoyé le bateau de père au fond de l’océan. Une fois que Père et lui auraient abattu et transformé les chasseurs d’ombres, ravagé leur fierté et leur ville, Père avait dit que mère, l’autre Jonathan et Clarissa viendraient vivre avec eux. Jonathan méprisait sa mère pour s’être enfuie. Et son seul intérêt pour l’autre Jonathan était de lui prouver à quel point il était supérieur, le vrai fils de Père, par le sang, et avec la force des démons et le chaos qui coule dans ses veines.
Mais il avait de l’intérêt pour Clarissa.
Clarissa n’avait jamais choisi de le quitter. Elle avait été enlevée et forcée à grandir au milieu des terrestres, et toutes ces choses dégoûtantes. Elle devait avoir toujours su qu’elle était différente des personnes qui l’entouraient, faite pour un tout autre dessein, avec ce pouvoir et cette différence qui crépitaient sous sa peau.
Elle devait sentir qu’il n’y avait aucune autre créature comme elle dans le monde entier. Elle avait un ange en elle comme l’autre Jonathan, pas du sang démoniaque comme celui qui courait dans ses propres veines. Il était bien le fils de son père, en plus fort, rythmé par les feux de l’enfer. Clarissa était la vraie fille de Père aussi, et qui sait quelle mixture étrange, le sang de Père et la puissance céleste combinés, avait bien pu donner et coulait dans les veines de Clarissa ? Peut-être n’était-elle pas si différente de lui.
Cette pensée l’excitait d’une façon qu’il n’avait jamais été excité avant. Clarissa était sa sœur, elle n’appartenait à personne d’autre. Elle était à lui. Il le savait, parce que même s’il ne rêvait pas souvent — c’était une chose humaine — après que Père lui avait raconté comment sa sœur avait coulé le navire, il avait rêvé d’elle.
Jonathan rêvait d’une jeune fille debout dans la mer avec des cheveux comme de la fumée écarlate cascadant sur ses épaules, ondulant dans le vent indomptable. Tout était noir orageux, et dans la mer déchaînée, des morceaux de l’épave, qui autrefois avaient été un bateau, flottaient à l’envers. Elle les regardait avec ses yeux verts froids et n’avait pas peur. Clarissa avait fait cela — semé la destruction comme il l’aurait fait. Dans le rêve, il était fier d’elle. Sa petite sœur.
Dans le rêve, ils riaient ensemble à toutes les belles ruines tout autour d’eux. Ils se tenaient en suspension au-dessus de la mer, rien ne pouvait leur faire du mal, car la destruction était leur élément. Clarissa laissait traîner ses mains, blanche comme un clair de lune, dans l’eau. Quand elle leva ses mains dégoulinantes, elles étaient sombres, et il se rendit compte que la mer était une mer de sang. Jonathan s’était réveillé de son rêve en riant encore.
Quand le moment serait venu, Père avait dit qu’ils seraient réunis, tous ensemble. Jonathan devait attendre. Mais il n’était pas très patient.
« Tu as une mine bizarre », déclara Sébastien Verlac, en criant par-dessus le rythme de la musique dans les oreilles de Jonathan.
Jonathan se pencha et parla doucement et avec précision dans l’oreille de Sébastien.
"Derrière toi, Démon à Quatre heures. "
Sébastien Verlac se retourna et le démon, sous l’apparence d’une jeune fille avec un nuage de cheveux noirs, s’écarta précipitamment du garçon, avec lequel elle parlait et commença à se fondre dans la foule.
Jonathan et Sébastien le suivirent vers une porte latérale marquée en lettres usées, d’un "SORTIE DE SECOURS" écrit en rouge et de blanc. La porte débouchait sur une ruelle, que le démon descendait rapidement, jusqu’à presque disparaître.
Jonathan sauta, se propulsa sur le mur de briques en face, et utilisa la force de son rebond pour jaillir sur la tête du démon. Il tournoya dans les airs, une épée ornée de runes à la main, il l’entendit siffler dans l’air. Le démon se figea, ses yeux fixés sur lui. Déjà, le masque du visage de jeune fille commençait à s’évaporer, et Jonathan pouvait distinguer les détails derrière lui : quatre paires d’yeux, comme une araignée et une bouche, d’où sortaient des défenses, béante de surprise. Rien de tout ça ne le dégoûtait. L’ichor qui courait dans leurs veines courait aussi dans les siennes.
Non pas que cela lui inspire de la pitié, non plus. Tout en souriant à Sébastien par-dessus l’épaule du démon, il plongea son épée. Il éventra le démon comme il l’avait fait autrefois avec son mannequin, du cou au nombril. Un cri gargouillant envahit la ruelle alors que le démon se ratatinait sur lui-même en disparaissant, ne laissant derrière lui que quelques gouttes de sang noir éclaboussé sur les pierres.
« Par l’Ange », murmura Sébastien Verlac.
Il fixait Jonathan au-delà du sang et de la distance qui les séparait, et son visage était blême. Pendant un moment, Jonathan était presque heureux qu’il ait la présence d’esprit d’avoir peur. Mais pas de chance. Sébastien Verlac était fou au final.
"Tu as été incroyable !" s’écria Sébastien d’une voix tremblante mais impressionnée. "Je n’ai jamais vu quelqu’un bouger aussi vite ! Alors, tu vas devoir m’apprendre ce mouvement. Ce que tu viens de faire, je n’ai jamais vu un truc pareil."
« Je serais ravi de t’aider », répondit Jonathan. "Mais malheureusement, je dois partir bientôt. Mon père a besoin de moi, tu vois. Il a des plans. Et il ne peut tout simplement pas les exécuter sans moi. "
De manière absurde, Sébastien semblait déçu. "Oh allez, tu ne peux pas t’en aller maintenant,"dit il enjôleur. "Chasser avec toi était tellement amusant, mon pote. Nous devrions recommencer ça de temps en temps ". « Je crains… », répondit Jonathan en agrippant la poignée de son arme, «… que ce ne soit pas possible." Sébastien avait l’air si surpris quand il le tua. Cela fit rire Jonathan : sa lame à la main et la gorge béante de Sébastien dessous, le sang chaud qui se déversait entre ses doigts. Il ne fallait pas que le corps de Sébastien soit retrouvé à un moment inopportun, ruinant ainsi l’ensemble du stratagème, donc Jonathan transporta le corps comme s’il aidait un ami ivre à rentrer chez lui, le long des rues.
Ce n’était pas très loin de ce petit pont qui enjambait la rivière, délicate comme en filigrane vert couleur moisissure, ou les os fragiles d’un enfant mort. Il souleva le cadavre sur le parapet et le regarda heurter les eaux noires avec un splash. Le corps sombra sans laisser de trace, et il l’avait déjà oublié avant même qu’il n’ait totalement coulé. Il vit les doigts recourbés s’agiter dans le courant, comme s’il était revenu à la vie et suppliait pour de l’aide ou au moins des réponses, et il pensa à son rêve — sa sœur et une mer de sang. L’eau avait giclé où le corps était tombé, elle avait éclaboussé sa manche par endroits ; le baptisant avec un nouveau nom. Il était Sébastien maintenant.
Il se promenait le long du pont vers la vieille partie de la ville, où on faisait passer des ampoules électriques pour des lanternes à gaz, c’était avant tout des jouets pour les touristes. Il se dirigeait vers l’hôtel où Sébastien Verlac avait séjourné. Il l’avait analysé en détail avant de venir au bar, et savait qu’il pouvait escalader par la fenêtre afin de récupérer les biens de l’autre garçon. Et après cela, un flacon de teinture pour les cheveux pas cher et… Un groupe de filles en robes de cocktail le dépassa, elles lui adressèrent des regards obliques, l’une d’entre elle, dans une jupe argentée échancrée dévoilant ses jambes, lui lança un regard franc et lui sourit. Il se laissa aller à ce petit jeu.
"Comment tu t’appelles, beau gosse ?" Une autre fille lui demanda d’une voix légèrement pâteuse. "what’s you’re Name handsome ?"
"Sébastien, » répondit-il doucement, sans hésiter une seule seconde. C’était celui qu’il était, désormais, celui que les plans de son père l’obligeaient à être, celui qu’il avait besoin d’être pour parcourir le chemin qui conduirait à la victoire et à Clarissa.
"Sébastien Verlac." Son regard se perdit vers l’horizon, et il pensa aux tours de verre d’Idris, il les vit enveloppées dans l’ombre, dans les flammes, et les ruines. Il pensait à sa sœur qui l’attendait, là-bas dans le monde. Il sourit. Il pensait qu’il allait aimer être Sébastien.
- Note de CC: Au fil du temps, de nombreuses personnes ont demandé la scène du Manoir selon le point de vue de Jace ... J'ai pris quelques libertés ici - la scène se passe quelques moments avant ce qui se passe dans la version imprimée de La Cité de Verre - mais tout comme dans le projet initial!
Plus tard, Jace se souviendrait de la manière dont le Manoir avait été détruit. La seule maison qu’il avait connue jusqu’à ses dix ans. Il se souvint seulement de la chute par la fenêtre de la bibliothèque, ils dévalèrent la colline en roulant sur l’herbe, il attrapa Clary et la plaqua sur le sol sous lui, la couvrit de son corps pendant que les pièces du Manoir tombaient en pluie tout autour d’eux comme de la grêle. Il pouvait sentir sa respiration, sentir son cœur qui s’affolait. Il se souvint soudain de son faucon, La façon dont il se comportait, aveugle mais confiant, dans ses mains, la rapidité des battements de son cœur. Clary le serrait contre elle par le devant de sa chemise. Il doutait qu’elle en ait seulement conscience, son visage contre son épaule ; il avait tellement peur que son corps ne soit pas un rempart suffisant pour la protéger entièrement. Il imagina des rochers gros comme des éléphants qui tombaient sur le sol de pierre, prêt à les écraser tous les deux, à l’écraser elle. Le sol tremblait sous eux alors il se pressa davantage contre elle, comme si cela pouvait être plus efficace. Cette pensée avait quelque chose de magique, comme quand on ferme les yeux pour ne pas voir le couteau qui vient vers vous. Le vrombissement s’essouffla. Il réalisa qu’il pouvait à nouveau entendre des petites choses : le chant des oiseaux, le bruissement de l’air dans les arbres. La voix de Clary, essoufflée.
- Jace… Je crois que tu as perdu ta stèle quelque part.
Il se recula et la fixa. Elle rencontra son regard fixe. Dans le clair de lune, ses yeux verts auraient pu être noirs. Ses cheveux roux étaient couverts de poussière, son visage marbré de suie. Il pouvait distinguer son pouls sur sa gorge. Il prononça les seuls mots qui lui vinrent à l’esprit, encore étourdi.
- Ça m’est égal, du moment que tu n’es pas blessée. - Je vais bien.
Elle s’avança vers lui, et passa doucement ses doigts dans ses cheveux ; son corps dopé à l’adrénaline était si sensible qu’elle ressentit comme des étincelles au contact de sa peau.
- Il y a de l’herbe… Dans tes cheveux, murmura-t-elle.
Il y avait de l’inquiétude dans son regard. De l’inquiétude pour lui. Il se souvint de la première fois qu’il l’avait embrassée, dans la serre, comment il avait finalement su, compris que la bouche de quelqu’un contre la vôtre pouvait vous couper le souffle et vous donner le tournis. Que toutes les expériences de la terre et toutes les techniques que vous connaissiez ou aviez appris, s’envolaient par la fenêtre quand vous embrassiez la bonne personne. Ou la mauvaise…
- Tu ne devrais pas me toucher, dit-il. Elle se raidit, la paume de sa main encore sur sa joue. - Pourquoi ? - Tu sais très bien pourquoi. Tu as vu ce que j’ai vu, n’est-ce pas? Le passé, l’Ange, nos parents. Les yeux de Clary s’assombrirent. - J’ai vu. - Tu sais ce qu’il s’est passé. - Beaucoup de choses se sont passées, Jace… - Pas pour moi, soupira-t-il avec un air angoissé. J’ai du sang démoniaque, Clary. Du sang de Démon. Tu comprends ça, non ?
Elle leva le menton. Il savait à quel point elle détestait qu’on sous-entende qu’elle ne comprenait pas quelque chose, ou qu’elle ne savait pas, ou ne devait pas savoir quelque chose. Il aimait cette face de sa personnalité, ça le rendait fou.
- Ça ne veut rien dire. Valentin était fou. C’était juste le discours d’un dément… - Et Jocelyne ? Elle était folle ? Je sais ce que Valentin essayait de faire. Il essayait de faire des hybrides Ange/Humain, et Démon/humain. Tu es la première option Clary et je suis la dernière. Je suis en partie un monstre. Cette partie que j’ai essayé de brûler, de détruire au plus profond de moi. - Ce n’est pas vrai, ça ne se peut pas. Ça n’a aucun sens… - Mais c’est le cas, insista-t-il en se demandant comment elle ne pouvait pas le voir alors que c’était si évident pour lui. Ça explique tout. - Tu veux dire que ça explique pourquoi tu es un si fantastique Chasseur d’Ombres ? Pourquoi tu es loyal et courageux et honnête c'est-à-dire tout ce que les démons ne sont pas… - Ça explique, hésita-t-il une seconde, pourquoi je ressens ce que je ressens pour toi. - Que veux-tu dire ? siffla-t-elle. - Tu es ma sœur, reprit-il, ma sœur, mon sang, ma famille. Je devrais vouloir te protéger… (il butta sur les mots) te protéger des garçons qui veulent te faire des choses que je meurs d’envie de te faire moi-même. Il l’entendit hoqueter. Elle le fixait toujours, et il aurait voulu voir de l’horreur dans son regard, une sorte de répugnance… Il n’imaginait pas avoir un jour le courage d’exprimer aussi clairement ce qu’il ressentait… Il ne vit rien de la sorte. Il distingua juste une forme de curiosité, comme si elle examinait la carte d’une contrée inconnue. Presque machinalement, elle laissa ses doigts glisser de sa joue vers ses lèvres, dessiner le contour de sa bouche du bout de son index, comme si elle traçait un chemin. Il sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine et son corps, ce traître, répondre à ce contact.
- J’aimerais bien savoir qu’est-ce que tu voudrais me faire exactement ? susurra-t-elle. Il ne put s’en empêcher. Il s’abaissa vers elle, ses lèvres frôlèrent son oreille. - Je pourrais te montrer. Il la sentit frémir, mais malgré le frisson dans son corps, ses yeux le mettaient au défi. L’adrénaline dans son sang, mêlée au désir et à la force du désespoir, fit chanter son sang. « Je vais lui montrer », pensa-t-il. Une part de lui pensait qu’elle allait le repousser, mais d’autre part, il était trop fou d’elle pour avoir une pensée raisonnée: sa proximité, le fait de la sentir tout contre lui… - Si tu veux que je m’arrête, dis le mois tout de suite, murmura-t-il. (Mais comme elle ne répondit rien, il glissa ses lèvres sur sa tempe)…Ou maintenant (sa bouche trouva sa joue et la ligne de sa mâchoire et elle se cambra contre lui, Jace enfonça ses doigts dans le sol. Ses gémissements le rendaient fou. Alors, il appuya sa bouche contre celle de Clary pour qu’elle ne puisse plus parler, murmurer, pour qu’elle ne lui demande pas de s’arrêter, qu’elle ne puisse pas dire « maintenant ». Et il l’embrassa. D’abord doucement, la gouttant, mais soudain, les mains de Clary agrippèrent le dos de la chemise de Jace pour le serrer plus fort contre elle. Il était pressé contre sa poitrine et la terre s’offrit a lui quand il tomba. Il était en train de l’embrasser comme il l’avait toujours désiré, avec un abandon sauvage total. Sa langue fouillant dans sa bouche pour chercher la sienne et s’élancer dans un délicieux duel. Clary était tout aussi audacieuse, le gouttant autant que possible, explorant sa bouche. Il atteignit les boutons de son manteau à l’instant où elle mordillait sa lèvre inférieure… Son corps tout entier fut agité d’un spasme. Elle posa une main sur la sienne, et pendant un instant il eut peur qu’elle lui demande d’arrêter, que tout ceci était insensé, et ils se détesteraient dès le lendemain. Mais : « laisse-moi faire », dit elle en déboutonnant lentement son manteau pendant qu’il la regardait faire. La chemise qu’elle portait en dessous était presque propre et il pouvait distinguer les lignes de son corps : la courbe de sa poitrine, l’échancrure de sa taille, le dessin de ses hanches. Il se sentit étourdi. Il avait déjà vu ça sur tant d’autre fille avant, bien sûr, mais ça n’avait jamais compté. Et à présent, il n’y avait plus que ça au monde. Elle souleva ses bras et bascula sa tête en arrière, le suppliant du regard.
- Reviens, murmura-t-elle. Embrasse –moi encore. Il fit un drôle de bruit, un bruit qu’il était certain de ne jamais avoir émis et il retomba tout contre elle, en elle, embrassant ses paupières, ses lèvres, sa gorge, l’endroit où son pouls palpitait… Ses mains glissèrent sous sa chemise légère et il sentit la chaleur de sa peau. Il était quasi certain que tout son sang avait quitté son cerveau lorsqu’il atteignit la fermeture de son soutien-gorge… C’était ridicule, mais à quoi bon être un chasseur d’ombres, un expert en toutes sortes de choses s’il ne pouvait pas s’en sortir avec une fermeture de soutien-gorge?... Et il entendit son propre soupir lorsqu’il sentit le soutien-gorge céder et sa main posée sur le dos nu de Clary. La délicate forme de son épaule saillait sous la paume de sa main. Le petit bruit qu’elle émit fut plus érotique que la vision de n’importe laquelle des filles nues qu’il avait déjà vues. Les mains de Clary, petites et déterminées, tirèrent sur le haut de la chemise de Jace. Il les repoussa sur ses côtes, il voulait plus de surface de peau en contact entre eux. Alors c’était donc ça la différence, pensa-t-il. C’était ça être amoureux. Il s’était toujours enorgueilli de sa technique, son contrôle, et la façon dont les filles réagissaient à son savoir faire. Mais cela nécessitait de l’analyse et l’analyse demandait de la distance, et il n’y avait plus aucune distance entre eux à ce moment précis. Il ne voulait rien entre Clary et lui. Ses mains trouvèrent les passants de son Jean, la forme de ses hanches. Il sentit les doigts de Clary courir sur son dos nu, chercher ses cicatrices et les tracer doucement. Il n’était pas sûr qu’elle se rende compte de ce qu’elle était en train de faire, mais elle roulait ses hanches sous les siennes, le faisant bouger, il mourait d’envie d’aller plus vite, trop vite. Il se cala contre elle, plus près encore, aligna leur hanche, et sentit son soupir dans sa bouche. Il pensa qu’elle allait le repousser, mais au contraire, elle encercla ses jambes autour de sa taille l’attirant encore plus près. L’espace d’un instant il crut qu’il allait s’évanouir.
- Jace, gémit-elle en embrassant son cou, sa clavicule. Ses mains à lui étaient sur sa taille, remontant vers sa cage thoracique. Sa peau était si douce ; elle se souleva quand sa main glissa sous son soutien-gorge, et elle embrassa la marque en forme d’étoile sur son épaule. Il était sur le point de lui demander si tout allait bien, s’il n’allait pas trop loin quand elle se recula précipitamment, avec une exclamation de surprise…
- C’était quoi ? demanda Jace en se raidissant. Est-ce que je t’ai fait mal ? - Non. C’était ça. Elle toucha la chaîne en argent qui pendait autour de son cou, sur laquelle était accroché le petit anneau d’argent. Il avait rebondi sur elle quand elle s’était appuyée sur Jace et elle le fixait à présent. Cette bague… Le métal usé avec ses formes d’étoile…. Elle connaissait cette bague. La bague des Morgenstern. C’était la même bague qui brillait au doigt de Valentin dans le rêve que l’Ange leur avait montré à tous le deux. C’était la sienne, et il l’avait donné à Jace, car elle devait se léguer de père en fils. - Je suis désolé, dit Jace l’air rêveur, en traçant la courbe de sa joue du bout du doigt. J’ai oublié que je portais cette fichue bague. Soudain, le sang de Clary se glaça. - Jace, dit-elle doucement. Jace arrête. - Arrête quoi? De porter cette bague? - Non, ne me touche plus. Arrête une seconde
L'histoire de Jocelyne[]
- C’est l’histoire de Jocelyne à ses débuts, telle qu’elle est racontée à Clary, donc n’oubliez pas, dans cette histoire, vous êtes Clary qui écoute *. Bien que cela ait été écrit dans le cadre de la cité de verre, cet extrait était trop long, il expliquait trop de choses, et a dû être raccourci et modifié. Cependant, c’est amusant de penser que c’est ainsi que les choses se sont passées pour Jocelyne, cet extrait doit être considéré comme non formel, donc ne soyez pas surpris si les choses dans les futurs livres de chasseurs d’ombres contredisent cette version des faits, ou s’ils contredisent les choses dans la cité de verre. -
Cet extrait vient du blog : [[1]]
J’ai rencontré ton père à l’école, j'avais à peu près le même âge que toi quand tu as rencontré Simon. Tout le monde devrait avoir un ami comme ça dans sa vie. Mais il n’était pas ce genre d'ami-là pour moi... Luke l’était. Nous étions toujours ensemble. En fait, au début, je détestais Valentin, parce qu’il m’avait pris Luke et l’éloignait de moi. Valentin était l’élève le plus populaire de l’école. Il était tout ce qu’on peut attendre d’un leader naturel... beau, brillant, avec le genre de charisme qui conduisait les jeunes élèves à l’adorer. Il était assez gentil, mais il y avait déjà en lui quelque chose que je trouvais effrayant... il brillait, mais d'un d'éclat froid, comme un diamant. Et comme un diamant, il avait des arrêtes effilées et tranchantes. Quand il avait dix-sept ans, son père a été tué lors d’un raid sur une meute de lycanthropes. Ce n’était pas un raid habituel… la meute n’avait rien fait pour enfreindre la loi, mais je ne l’ai appris que bien des années plus tard. Aucun d’entre eux. Tout ce que nous savions, c’est que Valentin était retourné à l’école complètement changé. On pouvait voir ses faces tranchantes tout le temps maintenant, le danger qui émanait de lui. Et il a commencé à recruter. Il attirait les autres élèves à lui comme des papillons à la lumière... et comme des papillons, leur désir pour lui allait entraîner la destruction de nombre d’entre eux à la fin. Il a attiré Hodge à lui, et Maryse et Robert Lightwood... les Penhallow, les Wayland. Ils sont venus et se sont regroupés autour de lui et ils ont exécuté ses ordres. Il m’a abordée plusieurs fois, mais je suis restée en dehors de tout cela, j’observais, soupçonneuse. Et puis, il est venu pour Luke… Je sais que Luke se demandait souvent pourquoi Valentin voulait qu’il rejoigne le cercle. Il n’était pas vraiment un guerrier à l’époque, pas un combattant né. Je ne lui ai jamais dit, mais je pensais parfois que Valentin l’avait vu comme un moyen pour arriver à ses fins. Un moyen pour arriver jusqu’à moi…
Valentin était quelqu’un qui savait toujours ce qu’il voulait. Et, il me voulait. Je n’ai jamais su pourquoi. La première fois que j’ai remarqué qu’il m’observait de l’autre côté du terrain d’entraînement, j’ai su. Le regard sur son visage... ce n’était pas de la nostalgie, ou du désir, il était calculateur et sûr. Le regard de quelqu’un qui promène ses yeux sur un menu, alors qu'il sait exactement ce qu’il veut commander. Son désir froid me faisait peur. Mais quand il a appelé Luke auprès de lui, et que Luke s’émerveillait de son éclat et de sa gentillesse, j’ai su que je ne pouvais plus rester à l’écart. Je devais rejoindre le cercle, pour voir ce qui avait attiré mon ami. À certains égards, Valentin... ton père... était exactement comme Luke l’avait décrit. Le cercle se réunissait chaque nuit, souvent sur le terrain d’entraînement désert ou dans la forêt, sous les arbres, et Valentin faisait des discours sur des thèmes familiers : démons, créatures obscures, et ce qu’il appelait : les perversions des lois de l’Enclave. Je me souviens de ses inquiétudes, l’Ange n’a jamais voulu que nous vivions en paix avec les créatures obscures, mais il voulait plutôt les rayer de la surface de la planète avec les démons. Les accords étaient une parodie ; nous n’avions jamais été destinés à vivre en harmonie avec des « demi-hommes ».
Ses mots étaient durs, mais son attitude était... douce. Il avait une façon de te faire ressentir que tu étais la seule personne sur terre qui comptait pour lui, la seule dont il respectait vraiment l’opinion. Ses convictions étaient radicales et son dévouement au Cercle, total. Aujourd’hui je le vois comme du fanatisme, mais à l’époque sa détermination me fascinait. Il semblait être plein de passion. Je pouvais voir ce que Luke avait vu en lui. Assez rapidement, je suis tombée un peu amoureuse de lui. Tout comme toutes les filles du cercle l’étaient et probablement aussi quelques garçons. Tu ne t’engages pas dans quelque chose comme ça... un culte de la personnalité... sans être un peu amoureuse de ton chef. Valentin a commencé à me demander de rester après les réunions, juste pour parler avec lui. Il disait qu’il appréciait mon pragmatisme et mon objectivité. Je sais que les autres filles étaient jalouses. Je suis sûre qu’elles pensaient... et bien, tu peux t’imaginer ce qu’elles pensaient. Mais il n’y avait rien entre nous. Valentin voulait vraiment juste parler... à propos de l’avenir, de la loi, du Cercle et de où tout ceci allait nous mener. Au bout du compte, je suis celle qui a craqué et qui l’a embrassé en premier.
« Je le savais, » a été la première chose qu’il a dite, et puis il a ajouté : « Je t’ai toujours aimé, Jocelyne. » Et tu sais, il le pensait. Puis, nous avons passé toute la nuit dans les bois, à parler. Il m’a raconté comment il envisageait que nous dirigions le Cercle ensemble, pour toujours. Il m’a dit qu’il ne pouvait pas le faire sans moi. Il disait : "J’ai toujours su que tu finirais par m’aimer toi aussi, ça ne faisait aucun doute pour moi."
Je ne savais pas pourquoi c’était moi qu’il avait choisie. Il me semblait que je n’avais rien de spécial. Mais le choix de Valentin était clair : à partir de ce moment, nous étions ensemble, et il n’a jamais plus regardé une autre femme, pas de cette façon, pas à partir de cet instant et pas durant toutes les années où nous avons été mariés. Les autres filles ont cessé de me parler, mais ça me semblait un tout petit prix à payer. Luke... Luke était heureux pour moi. J’étais un peu surprise, je m’étais quand même posé la question... mais il était heureux. Je pouvais le dire.
Valentin était si dévoué qu’il m’a fallu beaucoup de temps pour remarquer les changements en lui. C’était comme si la mort de son père avait gratté et retiré de lui quelques couches de douce humanité, et maintenant il était étrangement et singulièrement cruel... mais seulement par flashs, si brefs que quand ils disparaissaient, je pouvais me demander s’ils avaient seulement existé. Il y avait une fille dans notre classe qui voulait rejoindre le Cercle. Son frère aîné avait été mordu par un vampire, et en était devenu un lui-même : il aurait dû se tuer, ou laisser sa famille le tuer, mais il ne l’a pas fait et le bruit courait que la famille restait en contact avec lui. Valentin lui a donné un pieu de métal aiguisé et lui a dit de partir et d’aller planter le pieu dans le cœur de son frère pour le tuer et de ramener ses cendres ; seulement alors, elle pourrait être admise dans le cercle. La jeune fille s’est enfuie en pleurant. Je l’ai confronté plus tard, je lui ai dit qu’il ne pouvait pas être aussi cruel, autrement il ne vaudrait pas mieux que les créatures obscures elles-mêmes. "Mais c’est un monstre", m'avait-il répondu. Je lui ai dit que son frère était peut-être bien un monstre, mais elle n’en était pas un. Elle était une Nephilim, et rien ne justifiait de la torturer. Je pensais avoir été tellement large d’esprit et tolérante... ça me rend malade d’y penser aujourd'hui.
Je pensais qu’il serait furieux d’avoir été réprimandé, mais il ne l’était pas. Il était calme. « Parfois, j’ai peur de me perdre dans tout cela, Jocelyne", m’avait-il dit. « C’est pourquoi j’ai besoin de toi. Grâce à toi je reste humain." C’était la vérité. Je pouvais toujours le détourner de ses plans les plus extrêmes, le détourner de sa colère, le calmer. Personne d’autre ne pouvait le faire. Je savais que j’avais ce pouvoir sur lui et du coup, je me sentais importante, indispensable. Je pense que j’ai pris ce sentiment pour de l’amour…
Après avoir quitté l’école, nous nous sommes mariés dans la salle des Accords, tous nos amis étaient là. Même à ce moment-là, j’avais des doutes. J’ai levé les yeux au cours de la cérémonie et vu, à travers la verrière, une volée d’oiseaux volant au-dessus de nos têtes. J’ai ressenti une panique soudaine, si forte que mon cœur s’est mis à battre dans ma poitrine comme les ailes d’un de ces oiseaux. Je savais que ma vie ne serait plus jamais la même. J’ai essayé d’attirer l’attention de Luke... il était avec sa sœur, dans la première rangée des invités, et si Amatis souriait dans ma direction, Luke ne me regardait pas...
Nous sommes allés vivre dans un manoir que mes parents possédaient dans la campagne en dehors d’Alicante. Depuis qu’ils avaient vieilli, ils avaient déménagé dans une maison en bordure de canal à l’intérieur de la ville. Valentin lui-même avait grandi dans une maison juste à la frontière de la forêt de Brocéliande, mais il m’avait affirmé qu’elle était tombée en ruine depuis la mort de ses parents, et j’étais assez heureuse de vivre dans le manoir familial. Nous étions seulement à un demi-kilomètre de la maison de nos amis les Wayland... c’était pratique pour Valentin, car Michael Wayland était l’un des membres les plus enthousiastes du cercle, et le fait de rendre quelques visites aux Waylands nous préservait d’être tout le temps seuls tous les deux.
On dit que les hommes changent après le mariage. J’ignore si c’est Valentin qui a changé ou si j’ai simplement commencé à voir plus clairement sa véritable nature, je ne suis pas sûre. Il est devenu de plus en plus obsédé par sa cause et de plus en plus vicieux dans son exécution. Il continuait à dire qu’il n’avait jamais tué une créature obscure qui n’avait pas rompu les accords, mais je savais que ce n’était pas vrai. Une nuit, il avait emmené le Cercle d'en le but d'abattre une famille de loups-garous dans leur propre maison, affirmant qu’ils avaient assassiné des enfants humains et qu’ils avaient brûlé les corps. En effet, nous avons retrouvé de nombreux ossements calcinés dans la cheminée. Plus tard, j’ai entendu Valentin plaisanter avec Hodge qu’il était assez facile d’obtenir des ossements humains dans la cité des Os, pour peu qu’on prenne la peine de les chercher.
Il a commencé à disparaître de notre lit tard dans la nuit, en faisant de son mieux pour ne pas me réveiller, il revenait à l’aube, il sentait mauvais, le sang et pire encore. J’ai trouvé des vêtements ensanglantés dans la buanderie, il avait des plaies étranges et des égratignures sur les mains et les bras. J’étais réveillée la nuit par des cris et des hurlements qui semblaient venir de l’intérieur des murs de la maison. Je l’ai confronté avec toutes ces choses, j’ai exigé qu’il me dise ce qu’il faisait vraiment tous les soirs. Mais il s’est contenté de rire. " Tu t’imagines des choses, Jocelyne", m’avait-il dit. "C’est probablement à cause du bébé." Je l’ai dévisagé. " À cause du bébé ? Quel bébé ?"
Bien sûr, il avait raison. J’étais enceinte. Il l’avait su avant moi. J’ai essayé de réprimer mes peurs, en me disant qu’il essayait seulement de me protéger. Les réunions du Cercle n’étaient pas un endroit convenable pour une femme enceinte, disait-il, alors, je restais à la maison. J’étais si seule... je demandais à Luke de me rendre visite, mais il avait rarement le temps. Le Cercle et ses affaires l’occupaient énormément. Mais pouvais-je vraiment me plaindre ? Valentin était un mari extraordinairement attentif, il ne me laissait jamais lever le petit doigt, il m’amenait des boissons fortifiantes qu’il avait lui-même concoctées, un thé fort et doux qui chaque nuit me plongeait dans un profond sommeil. Et si parfois je me réveillais avec des blessures étranges ou des ecchymoses, eh bien, Valentin me disait que c’était parce que j’avais été somnambule... une affection courante chez les femmes enceintes, m’avait-il assuré.
Et puis, une nuit, j’ai été réveillée par un claquement terrible à la porte. J’ai couru en bas et j’ai trouvé Valentin debout sur le perron, tenant… il tenait Luke, il le portait comme un enfant, et ils étaient couverts de sang. Valentin vacillait d’épuisement sur ses pieds. "Une attaque de loup-garou", m’avait-t-il explqué. " C’est peut-être déjà trop tard" Mais je ne voulais pas entendre que c’était trop tard. Je l’ai aidé à traîner Luke jusqu’à l’étage dans une chambre d’amis, et j’ai envoyé un message à Ragnor Fell, le sorcier que mes parents appelaient souvent en cas de maladie. Les morsures de Lycanthrope ne répondent pas aux runes de guérison... il y a trop d’énergie démoniaque en elles. Luke hurlait et se débattait, il inondait les draps avec son sang ; je ne cessais d’éponger le sang de son épaule, mais il y en avait toujours plus. Valentin se tenait à côté de lui, les yeux baissés. "Peut-être que j’aurais dû le laisser mourir", disait-il, ses yeux noirs irradiaient, "peut-être que cela aurait été plus charitable, en comparaison de ce qui est en train de lui arriver." "Ne dis pas ça", lui avais-je rétorqué. "Ne dit jamais cela. Toutes les morsures n’entraînent pas la lycanthropie." Et puis Fell est arrivé, et Valentin a mis de côté son discours d’abandonner Luke et est resté alors que nous le soignions. J’ai dormi dans la chambre de Luke cette nuit-là, et le matin il s’est réveillé, en bonne santé et capable de sourire. Mais nous n’avons pas eu très envie de sourire durant les trois semaines qui ont suivi. On dit qu’il y a une chance sur deux pour que la morsure d’un loup-garou transmette la lycanthropie. Je pense que c’est plutôt trois sur quatre. J’ai rarement vu quelqu’un échapper à la maladie, et malgré mes prières silencieuses durant ces horribles semaines, Luke n’a pas fait exception. Lors de la pleine lune suivante, il s’est transformé.
Il était là à notre porte au petit matin, couvert de sang, ses vêtements déchirés en lambeaux. Je lui ai tendu les bras, mais Valentin est venu à mes côtés. "Jocelyne", avait-t-il murmuré, " le bébé ". Comme si Luke était sur le point de se jeter sur moi et d’arracher le bébé de mon ventre, comme s’il était seulement capable de me faire du mal.
C’était Luke, mais Valentin m’a repoussée et a traîné Luke en bas des marches et jusque dans les bois. Quand il est revenu plus tard, il était seul. J’ai couru vers lui. « Où est Lucian, où est-il ? j'ai demandé. "Je lui ai donné un couteau et lui ai dit de faire ce qu’il avait à faire. S’il a de l’honneur, il fera ce que j’ai dit." Je savais ce qu’il voulait dire. Il avait dit à Luke de se suicider, et j’étais presque sûre que Luke allait le faire.
Je crois que j’ai perdu connaissance. Je me souviens des ténèbres implacables, glaciale, et puis de me réveiller dans mon lit avec Valentin à côté de moi. Il se passait la main dans les cheveux. "Ne pleure pas pour lui maintenant", a-t-il dit, "nous aurions dû faire notre deuil il y a des semaines, quand il est vraiment mort. Cette chose qui était à notre porte ce matin, ce n’était pas Lucian." Mais je ne le croyais pas. J’avais vu les yeux de Luke quand il m’avait regardée ce matin-là, même sous ce masque de sang. J’aurais reconnu ces yeux n’importe où, et ce n’était pas ceux d’un monstre. Alors, j’ai su, avec une terrible certitude, qu’en perdant Luke j’avais perdu la chose la plus importante de ma vie.
Un terrible malheur s’est abattu sur moi. Si ça n’avait pas été pour le bien de l’enfant, je pense que je n’aurais ni mangé ni dormi dans les mois terribles qui ont suivi. Mon seul espoir était la chance que Luke ne se soit pas ôté la vie, mais qu'il ait simplement pris la fuite. Je suis allée voir Amatis dans l’espoir qu’elle allait m’aider à le trouver, mais elle avait ses propres tourments à affronter. Valentin avait choisi Stephen pour être son nouveau lieutenant à la place de Luke, mais ne pouvait pas tolérer le mariage de Stephen et Amatis. Il affirmait que c’était parce qu’elle s’était opposée au traitement de son frère, mais je sentais que c’était parce que, voir Amatis réveillait sa culpabilité au sujet de Luke. Dans les deux cas, il a convaincu Stephen de divorcer et de se remarier avec une belle jeune fille nommée Céline. Amatis était dévastée, tant et si bien qu’elle a refusé de me voir, elle me tenait pour responsable, avec Valentin, de son malheur. Et donc, j’ai perdu une autre amie.
En désespoir de cause, je suis allée voir Ragnor Fell et je l’ai supplié de chercher des nouvelles de Luke dans le milieu des créatures obscures. Il a gardé le silence un long moment après que je lui ai demandé. Enfin, il a fini par dire : "Il y a des gens qui seraient très en colère après moi si je t'aidais." "Mais vous connaissez ma famille depuis des années ! " J’ai protesté. « Vous me connaissez depuis que je suis une petite fille ». « À cette époque, tu étais Jocelyne Fairchild. Maintenant, tu es Jocelyne Morgenstern, l’épouse de Valentin". D’après lui, le nom de Valentin était comme du poison. "Valentin tue uniquement ceux qui enfreignent les accords," ai-je dit faiblement, en pensant à la famille de loups-garous et aux os qu’il avait mis lui-même dans leur foyer. Mais est-ce que cela avait été la seule fois ? "Ce n’est pas vrai," a protesté Fell, "et il fait bien pire que de tuer. Si je fais cela pour toi, si je cherche Lucian Graymark, tu dois faire quelque chose pour moi. Une nuit, tu devras suivre ton mari et voir où il va". Et c’est ce que j’ai fait. Une nuit, j’ai seulement fait semblant de boire le thé qu’il m’a apporté, et fait semblant de m’endormir à ses côtés. Quand il s’est levé pour quitter la pièce, je l’ai suivi. Je l’ai vu entrer dans la bibliothèque et prendre un livre sur la paroi, et quand il l’a enlevé le mur a glissé et laissé apparaître un trou noir derrière... Je ne t’ai jamais raconté l’histoire de la femme de Barbe Bleue, n’est-ce pas ? Quand tu étais une petite fille... Je doute de l’avoir fait ; cette histoire m’effraie encore. Le mari qui dit à sa femme de ne jamais regarder dans la pièce fermée à clé, et quand elle a regardé, elle a trouvé les restes de toutes les femmes qu’il avait assassinées avant elle, affichées comme des papillons épinglés dans un cadre de verre. J’avais peur — mais je l’avais promis à Fell. Je devais savoir ce que Valentin faisait. Une nuit, j’ai attendu qu’il quitte la maison, et je suis allée à la bibliothèque, puis j’ai retiré le livre de sa place.
J’ai utilisé ma pierre de rune pour me guider vers le bas dans l’obscurité. L’odeur... oh, l’odeur, en bas, putride, de sang et de mort. Il avait creusé un entre sous la terre, dans ce qui avait été autrefois les caves. Il y avait des cellules à présent, avec des choses emprisonnées dedans. Des créatures démoniaques, attachées avec des chaînes en électrum, ils se tordaient et s’effondraient et gargouillaient dans leurs cellules, mais il y avait plus, bien plus... les corps de créatures obscures, à différents stades d’agonie et de mort. Il y avait des loups-garous, leurs corps à moitié dissous par de la poudre d’argent. Des vampires maintenus tête en bas dans de l’eau bénite jusqu’à ce que leur peau se décolle de leurs os. Des fées dont la peau avait été percée par du fer blanc.
Même aujourd’hui, je ne le vois pas comme un tortionnaire. Pas vraiment. Ce n’était pas comme s’il aimait leur douleur. Il semblait poursuivre un dessein presque scientifique. Il y avait des livres de notes à chaque porte de cellule, des enregistrements minutieux de ses expériences, combien de temps il avait fallu à chaque créature pour mourir. D’après ses gribouillages, il semblait qu’il injectait du sang de démons dans ces créatures... mais il ne pouvait pas faire ça. Quelle personne saine d’esprit ferait ça ? Il y avait un vampire dont la peau avait brûlé maintes et maintes fois pour voir s’il y avait un point au-delà duquel la pauvre créature ne pouvait plus se régénérer. En face de la page où cette expérience particulière était relatée, il avait écrit une série de notes avec un en-tête que je reconnaissais. C’était mon nom. Jocelyne. Mon cœur s’est mis à cogner à l’intérieur de ma poitrine. Avec des doigts tremblants, j’ai tourné les pages, les mots se sont embrasés dans mon cerveau. Jocelyne a bu le mélange à nouveau ce soir. Pas de changements visibles en elle, mais encore une fois c’est l’enfant qui m’intéresse... Avec des infusions régulières d’ichor démoniaque comme je lui ai donné, l’enfant peut être capable de tous les exploits.... La nuit dernière, j’ai entendu les battements du cœur de l’enfant, plus fort que n’importe quel cœur humain, le son d’une cloche puissante, sonnant le début d’une nouvelle génération de chasseurs d’ombres, le sang des anges et des démons mélangés pour produire des pouvoirs bien au-delà de l’imaginable... la puissance des créatures obscures ne sera plus jamais la plus grande sur cette terre…
Il y avait plus, beaucoup plus. J’ai enfoncé mes ongles dans les pages, mes doigts tremblants, mon esprit sondant le passé, je revoyais les mélanges que Valentin m’avait donnés à boire chaque soir, les bleus sur mon corps dans la matinée, les plaies béantes. J’ai tellement tremblé de tout mon corps, si fort que le livre est tombé de mes mains et a percuté le sol. Le bruit m’a réveillée de ma stupéfaction. J’ai couru dans les escaliers, à travers le passage dans la bibliothèque jusqu’à la chambre. Avec frénésie, j’ai commencé à emballer mes affaires, jetant seulement ce qui était le plus important pour moi dans un sac. J’ai eu la vague idée de courir à la maison de mes parents, tu vois, et de les supplier de me laisser rester avec eux. Mais je n’ai jamais pu aller jusque-là. J’ai fermé le sac, me suis tournée vers la porte... et Valentin était là, il me regardait en silence depuis la porte. Mes nerfs, déjà à fleur de peau, se sont brisés comme des cordes cassées. J’ai crié et fait tomber le sac sur le sol, en reculant devant mon mari. Il n’a pas bougé, mais j’ai vu ses yeux briller comme ceux d’un chat dans la lumière de l’aube. "Qu’est-ce que cela signifie Jocelyne ?" Je n’ai pas pu lui mentir. "J’ai découvert ta porte secrète dans la bibliothèque. Et j’ai trouvé ce qui était en dessous. Le petit théâtre des horreurs."
"Ces choses en bas sont des monstres…" avait-il affirmé " "Et moi, je suis quoi ? Suis-je un monstre ? "J’ai hurlé. "Que m’as-tu fait ? Qu’as-tu fait à notre bébé ?" "Rien qui ne pourrait lui faire du mal. Je te jure qu’il est en bonne santé." Le visage de Valentin était comme un masque d’ivoire. Comment n’avais-je jamais remarqué à quel point il pouvait avoir l’air aussi monstrueux ? Alors il s’est mis à parler, sans hausser le ton, sans ciller, il m'a raconté ses expériences, les moyens qu’il avait essayé d’apprendre afin de détruire plus efficacement les créatures obscures, afin de les anéantir en masse. Il avait même essayé de leur injecter du sang de démon... mais à sa grande surprise, ça n’avait pas eu l’effet escompté. Au lieu de les anéantir, ça les avait rendus plus forts, plus rapides et plus amènes à résister aux dommages qu’il essayait de leur causer. "Si cela a cet effet sur des demi-hommes", m’avait-il expliqué, son visage rayonnant, " Pense à ce que cela pourrait faire sur des chasseurs d’ombres."
"Mais ces créatures sont déjà en partie démoniaques… nous non ! Comment as-tu pu penser à faire des expérimentations sur ton propre enfant ? " " J’ai expérimenté sur moi d’abord, " avait-il répondu calmement, et il m’a raconté comment il avait injecté du sang de démon dans ses propres veines. " Ça m’a rendu plus fort, plus rapide... mais je suis un homme qui a fini sa maturité... pense à ce que cela va faire sur un enfant ! Le guerrier qu’il va devenir grâce à ça… " "Tu es fou," je lui ai dit en tremblant. " Pendant tout ce temps, j’ai pensé que je t’aidais à rester humain, mais tu n’es pas humain. Tu es un monstre... pire que toute de ces créatures pathétiques là en bas dans la cave " Il était un monstre... Je le savais... et pourtant, d’une certaine manière, il est parvenu à avoir l’air blessé par ce que j’avais dit. Il s’est approché de moi, j’ai essayé de me précipiter vers la porte en le contournant, mais il m’a attrapée par le bras. J’ai trébuché, je suis tombée, et j’ai heurté le sol dur. Quand j’ai essayé de me relever, une douleur fulgurante m’a traversée. J’ai senti mes vêtements coller à ma peau, j’étais trempée et me sentais lourde, j’ai regardé autour de moi et j’ai vu que j’étais allongée dans une marre de mon propre sang. J’ai commencé à hurler alors que la conscience s’échappait de moi.
Je me suis réveillée dans mon lit, hébétée et désespérément assoiffée. "Jocelyne, Jocelyne," a murmuré une voix dans mon oreille. C’était ma mère. Elle a écarté les cheveux de mon front et m’a donné de l’eau. « Nous étions si inquiets », a-t-elle dit. "Valentin nous a appelés… " J’ai baissé les yeux, et j’ai vu mon ventre plat. "Mon bébé," ai-je murmuré, les larmes commençaient à me bruler les yeux. "Il… est mort ?" "Oh, Jocelyne ! Non ! "Ma mère a bondi sur ses pieds et s’est précipitée vers quelque chose dans le coin de la pièce. Un berceau... mon berceau, le même que celui dans lequel je dormais après ma naissance. Elle en a extrait une enveloppe de couverture et est venue vers moi avec précaution, en berçant son fardeau dans ses bras. « Là », dit-elle en souriant. "Prends ton fils."
Je l’ai pris, comme dans un état second. Au début, je savais seulement qu’il correspondait parfaitement à mes bras, que la couverture qui l’entourait était douce, et qu’il était si petit et délicat, avec juste une mèche de cheveux blonds sur le dessus de sa tête. J’ai recommencé à respirer… et puis il a ouvert les yeux. Une vague d’horreur s’est déversée en moi. C’était comme se baigner dans de l’acide... ma peau semblait brûler en s’arrachant de mes os et tout ce que je pouvais faire, c’était de ne pas faire tomber l’enfant et commencer à hurler. On dit que chaque mère sait... connaît instinctivement son propre enfant. Je suppose que l’inverse est vrai aussi. Chaque nerf dans mon corps hurlait que ce n’était pas mon bébé, que c’était quelque chose d’horrible, de contre nature et d'inhumains qui se trouvait dans mes bras comme un parasite. Comment ma mère ne pouvait-elle pas le voir ?... Et pourtant elle me souriait comme si de rien n’était. " C’est un gentil bébé," avait-t-elle ajouté. "Il ne pleure jamais."
" Son nom est Jonathan, " a dit une voix depuis la porte. J’ai levé les yeux et j’ai vu Valentin qui observait le tableau devant lui avec une expression presque impassible, cependant, le mince sourire sur son visage me confirmait qu’il savait qu’il y avait quelque chose de terriblement mauvais avec cet enfant. "Jonathan Christopher." Le bébé a ouvert les yeux, comme s’il avait reconnu la mélodie de son propre nom. Ses yeux étaient noirs, noirs comme la nuit, plus insondable que des tunnels creusés dans son crâne. Je pouvais regarder droit dans ses yeux et ne voyais qu’un vide affreux. C’est alors que je me suis évanouie.
Quand je me suis réveillée beaucoup plus tard, ma mère avait disparu. Valentin l’avait renvoyée chez elle... je n’ai aucune idée de comment il s’y était pris pour la faire partir… Lui, était assis sur le bord du lit, il tenait le bébé dans ses bras et me regardait. Les yeux de ton père étaient noirs aussi, et je les avais toujours trouvés très perçant, en parfaite contradiction avec ses cheveux presque blancs, mais à présent, ils me rappelaient juste ceux du bébé. J'ai eu un mouvement de recul, tout ce que je voulais, c’était m’éloigner d’eux. "Notre enfant a faim," a déclaré Valentin. " Tu dois le nourrir, Jocelyne. " "Non !" Je me suis détournée. " Je ne peux pas toucher… cette chose. " "C’est juste un bébé." La voix de Valentin était douce, câline. "Il a besoin de sa mère." "Toi, nourris-le. C’est toi qui l’as créé. Il n’est même pas mon enfant." Ma voix s’est brisée. "C’est ton enfant, ton sang, ta chair. Et si tu ne le nourris pas, Jocelyne, il va mourir." Il a posé l’enfant sur les couvertures à côté de moi et a quitté la pièce. J’ai regardé la petite créature pendant un long moment. Il ressemblait à un bébé... ses petits poings et son petit visage fripé, même le duvet blanc sur sa tête, il ressemblait vraiment à un bébé. Ses yeux tunnel étaient fermés, sa bouche ouverte dans un silencieux petit miaulement. J’ai essayé d’envisager de simplement le laisser là, le laisser jusqu’à ce qu’il meure de faim, et mon cœur semblait se changer en glace dans ma poitrine. Je ne pouvais pas faire ça.
J’ai pris Jonathan dans mes bras. Quand je l'ai touché, la même vague de dégoût et d’horreur m’a submergée comme avant, mais cette fois je l’ai combattue. J’ai ouvert ma chemise de nuit et me suis préparée à nourrir mon fils. Peut-être y avait-il quelque chose dans cet enfant, une petite part de moi, quelque chose d’humain, qui pourrait d’une manière ou d’une autre faire surface.
Au cours des mois qui ont suivi, je me suis occupée de Jonathan du mieux que j’ai pu. Mon corps semblait se rebeller contre lui. Je ne produisais plus de lait et j’ai dû le nourrir au biberon. Je ne pouvais le tenir dans mes bras que pour de courts laps de temps avant de commencer à me sentir faible et malade, comme si je me tenais trop près de quelque chose de radioactif. Ma mère venait s’occuper de lui parfois, ce qui était un immense soulagement. Elle semblait ne rien constater de mal avec l’enfant, bien que, quelque fois, je la surprenais en train de regarder vers son lit avec un regard soupçonneux, comme une question sans réponse dans ses yeux…
Mais qui pourrait se poser de telles questions ? Qui pourrait même seulement supporter de les penser ? Jonathan ressemblait à un enfant tout à fait ordinaire, quand je l’ai amené à sa première réunion du Cercle, bercé dans mes bras, tout le monde m’a dit combien il était beau, avec cette extraordinaire couleur de cheveux et son regard, tout comme son père. Michael Wayland était là aussi, avec son petit garçon, qui avait tout juste le même âge que le mien. Ils partageaient même un prénom : Jonathan. Je regardais Michael jouer avec son fils et je me sentais malade de jalousie et de haine envers Valentin. Comment avait-il pu faire ce qu’il avait fait ? Quel genre d’homme ferait ce genre de chose à sa propre famille ?
"Par l’ange, tout ce qu’il sera capable de faire quand il sera plus âgé," soufflait-il parfois, penché sur le berceau de Jonathan, et le bébé gazouillait. C’était quasiment les seules fois où Jonathan émettait un son. Il était un enfant silencieux, qui ne pleurait, ni ne riait jamais, mais s’il devait répondre à quelqu’un, c’était à Valentin. Peut-être que c’était le démon qu’il y avait en eux deux.
C’est à cette époque environ que j’ai reçu un message secret de Ragnor Fell. Il m’a demandé de le rencontrer à son chalet. J’y suis allée un jour où Valentin était chez Stephen Herondale, il avait laissé Jonathan avec ma mère. Fell est venu à ma rencontre au portail. " Lucian Graymark est vivant, " avait-il annoncé sans préambule, et je suis presque tombée de mon cheval. J’ai supplié Fell de me dire ce qu’il savait. Il m’a seulement regardé avec froideur. "Et toi, qu’as-tu à me dire, Jocelyne Morgenstern ? As-tu seulement fait ce que je t'ai demandé et suivi ton mari à la nuit tombée ? " Pendant que nous marchions dans son jardin, je lui ai tout dit : sur ce que j’avais trouvé dans la cave de Valentin, sur son livre, sur le sang de démon, sur les expériences de Valentin, et même sur Jonathan. Il parlait peu, mais je peux dire que même avec tout ce qu’il savait déjà sur Valentin, mes paroles l’avaient fortement ébranlé. " Et maintenant, parlez-moi de Lucian," ai-je insisté. " Est-il en sécurité ? Est-ce qu’il va bien ? " " Il est vivant, " avait répondu Fell, " et il est devenu le chef d’une meute de loups à la bordure Est de la forêt de Brocéliande. " Alors que je l’écoutais, incrédule, il m’a raconté comment Luke avait battu le vieux loup qui l’avait mordu, il l’avait tué au cours d’une bataille et est ainsi devenu lui-même le chef de meute. " Cette histoire court dans tout le monde obscur, " avait-il ajouté. " Le chef de meute qui jadis fut un chasseur d’ombres. "
Je n’avais qu’une idée en tête. "Il faut que je le voie".
Fell secoua la tête. « Non. J’en ai assez fait pour toi, Jocelyne. Tu dis que tu détestes Valentin, mais tu ne fais rien. Je t'aiderai… Je t'amènerai à Lucian — mais seulement si tu es prête à embrasser la cause de détruire Valentin et le Cercle. Sinon, je te conseille de prendre ton cheval et de retourner chez toi". "Nous ne pouvons pas vaincre Valentin. Le cercle est trop puissant, " avais-je alors protesté. "La faiblesse de Valentin est son arrogance", avait déclaré Fell. "Et tu es notre meilleure arme grâce à cela. tu es plus proche de Valentin que n’importe qui pourrait l’être. tu peux infiltrer le cercle, recueillir des informations, trouver ses points faibles et ses failles. Apprends leurs plans. Tu peux être la parfaite espionne. "
Et voilà comment j’en suis arrivée à devenir un espion dans ma propre maison. J’ai accepté tout ce que Fell m’a demandé — j’aurais tout accepté pour avoir une chance de voir Luke à nouveau. À la fin de notre rencontre, j’ai donné ma parole à Fell, et il m’a donné une carte. Quand je suis allée au campement des loups-garous de Luke, je pensais au début que je serais certainement tuée. J’étais sûre qu’ils me reconnaîtraient en tant que la femme de Valentin Morgenstern, leur plus grand ennemi. "Je dois voir votre chef de meute," avais-je exigé, alors qu’ils encerclaient mon cheval. "Lucian Graymark. C’est un vieil ami à moi ". Et puis Luke est sorti de l’une des tentes et a couru vers moi. Il avait l’air… il était toujours Luke, mais il avait changé. Il semblait plus vieux. Il avait les cheveux poivre et sel, alors qu’il n’avait que vingt-deux ans. Il m’a prise dans ses bras et m’a enlacée et ça n’avait rien d’étrange, d’être enlacée par un loup-garou. C’était juste Luke.
Je me suis aperçue que je pleurais. "Comment as-tu pu ?" J’ai demandé. "Comment as-tu pu me laisser croire que tu étais mort ?" Il m’a avoué qu’il ne savait pas à quel point j’étais loyale envers Valentin, ou à quel point il pouvait me faire confiance. "Mais je sais que je peux te faire confiance maintenant," m’a-t-il assuré, avec son vieux sourire. "Tu as fait tout ce chemin pour me trouver." Je lui ai raconté tout ce que j’étais en mesure de lui raconter, au sujet de la folie et de la violence grandissante de Valentin, et de ma désillusion avec lui. Je ne pouvais pas lui dire tout… à propos des horreurs qui avaient lieu dans la cave, de ce que Valentin m’avait fait à moi et à notre enfant. Je savais que ça allait le rendre fou, qu’il serait incapable de se retenir d’aller traquer Valentin pour le tuer, et il se serait sûrement fait tuer lui-même. Et je ne pouvais laisser personne savoir ce qu’il avait fait à Jonathan. Malgré tout, il était toujours mon enfant.
Luke et moi avons convenu de continuer à nous voir et d’échanger des informations sur ce qui se passait dans le cercle. Je lui ai rapporté quand ils se sont alliés avec les démons, et quand la Coupe Mortelle a été volée, et je lui ai expliqué leurs plans pour perturber la signature des accords. Ces moments avec Luke étaient les seules fois où je pouvais être moi-même. Le reste du temps, je jouais un rôle… je jouais à l’épouse avec Valentin, et j’agissais en parfait membre du Cercle avec nos amis. Mais, ne pas laisser Valentin entrevoir à quel point il me rendait malade était le pire de tout.
Heureusement, je le voyais rarement. À mesure que les Accords approchaient, le Cercle précisait ses plans de tomber sur le dos des créatures obscures désarmées dans le Hall de l’Ange et de tous les abattre jusqu’au dernier. Je me suis assise silencieuse dans les réunions, incapable de participer à la planification hâtive, bien que je savais qu’il m’incomberait de jouer un rôle dans cette cabale en tant que membre dévoué. Céline Herondale, qui était a un stade avancé de sa grossesse, s’asseyait toujours près de moi, elle était souvent mélancolique, déroutée par l’enthousiasme du Cercle. Bien qu’elle n’ait jamais très bien compris leur haine passionnée pour les créatures obscures, elle adorait Valentin. "Ton mari est si gentil," me disait-elle de sa voix douce. "Il est tellement inquiet pour Stephen et moi. Il me donne des potions et des mélanges pour la santé du bébé, et c’est merveilleux".
Ce qu’elle venait de me dire m’a glacé le sang. Je voulais lui dire de ne pas faire confiance à Valentin et de ne pas accepter tout ce qu’il lui donnait, mais je ne pouvais pas. Son mari était le meilleur ami de Valentin et elle m’aurait sûrement trahi pour lui. Ma terreur d’être démasquée devenait plus grande chaque jour… je transmettais des informations à Luke dès que je le pouvais, constamment paniquée qu’un faux pas ne me trahisse auprès de mon mari. Je le voyais dès que je le pouvais. Je lui avais confié une valise avec mes biens les plus précieux, au cas où nous devrions fuir Idris ensemble… des bijoux que Valentin m’avait donnés, que j’espérais pouvoir vendre un jour, si j’avais besoin d’argent ; des lettres de mes parents et de mes amis ; une boîte que mon père avait faite pour mon fils, avec ses initiales gravées dessus, elle contenait une mèche de cheveux de Jonathan… des cheveux blancs soyeux, la même couleur que celle de son père. On n’aurait jamais pu dire, rien qu’en le regardant, que quelque chose n’allait pas avec mon enfant…
J’avais de plus en plus peur que Valentin ne découvre notre conspiration secrète et essaie de me torturer pour obtenir la vérité… Qui faisait partie de notre alliance secrète? À quel point j’avais trahi ses plans? Je me demandais jusqu’à quel seuil je pourrais résister à la torture, pourrais-je seulement y résister ? J’avais tellement peur de ne pas pouvoir.
Je me suis finalement convaincue de prendre des mesures pour m’assurer que cela n’arrive jamais. Je suis allée voir Fell et lui ai exposé mes craintes et il a créé une potion pour moi. Une potion qui me plongerait instantanément dans un sommeil profond dont je ne pouvais pas être réveillée mis à part à l’aide d’un antidote dont la recette se trouvait dans le Livre Blanc, l’un des plus anciens grimoires du monde des sorciers. Il m’a donné un flacon de potion et un autre flacon de l’antidote et m’a demandé de les cacher à Valentin, ce que j’ai fait. J’avais tellement peur que Valentin ne finisse par trouver un exemplaire du Livre, qu’un soir je suis allée dans le tunnel entre notre maison et celle des Waylands », et je l’ai caché dans leur bibliothèque.
Après cela, j’avais le sommeil plus léger, à part pour une chose. Je craignais de devoir prendre la potion, de tomber dans un sommeil de mort, et qu’il n’y ait personne pour me réveiller, personne qui ne sache ce qui m’était arrivé. J’ai pensé à la fin de Roméo et Juliette et imaginé être enterrée vivante... mais à qui pouvais-je faire suffisamment confiance pour confier cette information ? Je ne pouvais pas dire à Luke ce que j’allais faire, sans risquer de le compromettre et qu’il soit lui-même torturé, et de manière égoïste, je craignais trop pour lui, pour sa sécurité. Le raconter à mes parents nécessiterait de partager avec eux toute l’horreur de ma situation, et je ne pouvais pas faire ça. Je ne faisais plus confiance à aucun de mes vieux amis... même pas Maryse, aucun d’entre eux. Ils étaient trop sous l’emprise de Valentin.
Finalement, j’ai réalisé qu’il y avait une seule personne à qui je pouvais le dire. J’ai envoyé une lettre à Madeleine dans laquelle je lui expliquais ce que j’avais prévu de faire et la seule façon de me ranimer. Je n’ai jamais eu de mot de retour de sa part, toutefois, je savais que mon message avait été livré. Je devais croire au fait qu’elle avait lu et compris le message. C’était tout ce qui comptait. C’est à cette époque que Stephen Herondale a été tué lors d’un raid dans un nid de vampires. Valentin et les autres qui avaient pris part au raid se sont rendus au domicile des Herondale pour annoncer la nouvelle à Céline. Elle était enceinte de huit mois à l’époque. Ils ont dit qu’elle avait pris la nouvelle posément, elle avait seulement dit qu’elle voulait aller à l’étage pour chercher ses affaires avant d’aller voir le corps.
Elle n’est jamais descendue. Céline… si douce, si jolie, délicate Céline, qui n’avait jamais rien fait de surprenant et ne semblait pas avoir une once d’indépendance… qui s’était assise à côté de moi aux réunions du cercle et qui s’inquiétait de sa douce voix au sujet de la sécurité de son mari… Céline s’est coupé les veines et est morte en silence dans le lit qu’elle partageait avec son mari pendant que ses amis attendaient en bas de l’escalier.
Ce fut une tragédie qui a secoué le Cercle. J’ai entendu dire que les parents de Stephen, après la mort de leur fils et le suicide de leur belle-fille, avaient presque perdu la tête ; le père de Stephen est mort un mois ou deux plus tard, sans doute du choc. Je plaignais Céline, mais d’une certaine manière, je l’enviais. Elle avait trouvé un moyen de sortir de sa situation, je n’en avais pas. Quelques jours plus tard, j’ai été réveillée par le bruit d’un bébé qui pleurait. Je me suis assise droit comme un piquet et me suis presque jetée hors du lit. Jonathan, vois-tu, ne pleurait jamais... il ne faisait jamais de bruit. Son silence anormal était l’une des choses qui m’affligeait le plus à son sujet. Je dois être la seule mère dans l’histoire à avoir espéré contre toute attente que son bébé pleure et la réveille, il aurait pu crier toute la nuit même, mais il ne l’a jamais fait. Et d’un coup, le son des cris d’un bébé raisonnait sur les murs du manoir. Je me suis précipitée dans le couloir de la chambre du bébé, avec ma pierre de rune pour me diriger. Elle projetait des ombres étranges sur les murs pendant que je me penchais sur le berceau de Jonathan. Il dormait en silence. Pourtant, les pleurs continuaient, légers et discrets, les pleurs d’un enfant en détresse qui me déchiraient le cœur. J’ai couru en bas des marches et dans la bibliothèque vide. Je pouvais encore entendre les cris venant de l’intérieur des murs. J’ai atteint le livre à sa place sur l’étagère…
Rien ne s’est passé. La bibliothèque n’a pas coulissé. Et les pleurs me parvenaient toujours, comme s’ils provenaient de sous la maison, ou même des murs, à me rendre folle. Mais ce manoir avait été le mien plus qu’il n’avait été celui de Valentin, j’avais passé chaque été ici quand j’étais une petite fille. Si mon mari pensait que je n’avais pas exploré l’endroit à fond durant ces années, il se trompait. J’ai traîné le tapis persan qui recouvrait le plancher de la bibliothèque. Sous celui-ci, il y avait une trappe qui s’ouvrait si facilement que je savais qu’elle avait été utilisée récemment.
Les tunnels sous les maisons des chasseurs d’ombres ne sont pas rares, ils sont utilisés en cas d’attaques de démons, comme un moyen de se rendre d’une maison à une autre en secret. Ce tunnel avait jadis relié notre manoir à celui des Waylands, mais mon père avait rebouché le tunnel. Il était ouvert à nouveau à cet instant, sans doute par Valentin, et les murs de pierre étroits conduisaient tout droit dans les ténèbres. Je pouvais encore entendre le bruit des pleurs du bébé à cette distance...
J’ai suivi les pleurs, les pieds nus sur la pierre froide, m’arrêtant de temps en temps avec un soupir quand un rat ou une souris croisait mon chemin. Finalement, le tunnel s’ouvrait sur une grande salle en pierre qui avait probablement été autrefois une cave à vin. Blotti dans un coin de la chambre, il y avait un homme... mais ce n’était pas un homme en fait, j’ai ouvert de grands yeux, j’ai vu… des ailes blanches comme la neige émergeant de son dos comme deux grands arcs d’ivoire, et sa peau luisait comme du métal liquide. Ses yeux étaient d’or, et si tristes. Ses chevilles étaient menottées avec de l’électrum et des chaînes d’électrum enfoncées dans la pierre le maintenaient au sol, mais ce qui faisait qu’il était vraiment emprisonné était le cercle de runes qui l’entouraient. Je me sentais irrésistiblement attirée vers lui, attiré par une force incroyablement forte. Comme je m’approchai, j’ai vu, à ses pieds, allongé sur une couverture, le bébé que j’avais entendu pleurer. Il gémissait doucement maintenant... épuisé, sans doute... un bébé garçon minuscule avec des cheveux dorés et les yeux fermés. Je suis tombée à genoux, j’ai pris l’enfant dans mes bras, et quand mes bras se sont enroulés autour de lui, un sentiment étrange m’a traversée... tout le contraire de ce que j’avais ressenti quand j’avais tenu Jonathan pour la première fois. Un sentiment de paix débordante...
Combien de temps j’ai tenu et bercé l’enfant, je ne saurais dire. Enfin, j’ai levé les yeux et j’ai vu l’ange... car je savais que c’était bien un ange... il nous regardait avec ses yeux dorés impassibles. Au moment où nos regards se sont croisés, soudainement, je connaissais son nom : Ithuriel. " Aidez-moi ", l’avais-je imploré, et si aucun changement n’est apparu sur son visage, il a baissé la tête et ses ailes se sont rabattues pour m’envelopper dans un nuage blanc de silence et de douceur. J’ai ressenti toute la paix que je n’avais plus ressentie depuis que j’avais épousé Valentin... puis une douleur perçante, subite et forte m’a atteinte, et c’est la dernière chose dont je me suis souvenue quand je me suis réveillée dans mon lit le lendemain matin.
Je me suis dit que ce devait être un rêve. Du genre réel, un rêve hallucinatoire courant chez les femmes enceintes… et j’étais enceinte. J’étais dans le déni depuis au moins un mois, mais ce matin-là, quand je me suis réveillée, je savais… Et une visite chez le médecin me l’a confirmé. J’allais avoir un enfant… encore.
J’étais horrifiée. Je savais ce que Valentin avait fait à mon premier enfant... qu’allait-il faire subir à celui-ci ? Depuis combien de temps savait-il que j’étais enceinte ? Je ne lui ai rien dit, mais il jetait des regards qui en disaient long parfois, son regard passant sur moi comme un couteau sous l’eau. Il savait... oh, il savait...
Le jour de l’insurrection est arrivé. Ce terrible jour. Je sais que tu as entendu parler de ce qui s’est passé par Luke : au sujet des Accords, de l’embuscade, de la bataille sanglante et de celle qui a suivi. J’ai essayé de démarquer les Chasseurs d’Ombres qui n’étaient pas impliqués dans le cercle de sorte que les membres de l’insurrection ne leur fassent pas de mal, mais il y avait tant de chaos... tant de sang... de nombreuses vies ont été brisées, plus que nous n’aurions jamais pensé. Et là, à la fin j’ai fait face à Valentin avec Luke à mes côtés et j’ai clairement vu la vérité dans ses yeux. Je me suis longtemps demandé s’il savait ce que je ressentais à son égard en réalité et ce que je m’apprêtais à faire durant toute cette dernière année de notre mariage — mais je le découvrais à présent sur son visage — il ne savait pas. La douleur dans ses yeux quand il me regardait était réelle et, malgré tout, elle m’a transpercé le cœur. "C’est comme ça, vous deux, vous avez manigancé ma trahison ensemble", avait-il rugi, le visage maculé de sang. "Vous regretterez ce que vous avez fait tout le reste de votre vie."
Luke s’est jeté sur lui, mais Valentin a arraché le médaillon d’argent de ma gorge et l’a jeté sur Luke, le brûlant gravement. Il a reculé pendant que Valentin s’est emparé de moi et m’a traînée vers la porte. Il beuglait des choses horribles à mon oreille, de choses à propos de ce qu’il allait faire à mes parents, à Jonathan, comment il allait faire de ma vie un enfer pour ce que je lui avais fait.
J’ai abandonné la bataille, les blessés, tout cela, et j’ai couru à la maison. Il était trop tard. Luke t’a déjà dit ce que nous avons trouvé — Je m’en souviens toujours comme si ça avait été un rêve. L’immense ciel noir au-dessus de nos têtes, la lune si brillante que je pouvais tout voir : la maison réduite en cendres par le feu démoniaque, assez brûlant pour faire fondre le métal, qui se déversait dans les cendres comme une rivière d’argent en fusion sous la face nue de la lune. J’ai trouvé les os de mes parents là-bas, et les os de mon enfant, puis, enfin, les os de Valentin lui-même, le pendentif du cercle qu’il portait toujours, encore enroulé autour de son cou décharné...
Luke m’a fait sortir de la ville cette nuit-là. J’étais groggy et m’étais enfermée dans un mutisme, comme un mort-vivant. Je voyais les visages de mes parents, encore et encore — j’aurais dû les mettre en garde. J’aurais dû les prévenir de ce que Valentin était capable de faire. J’aurais dû les tenir au courant des plans de l’insurrection. Je n’aurais jamais pensé...
Et je rêvais parfois de mon bébé. Je voyais son visage, quand il était éveillé, les tunnels vides de son regard, et je ressentais à nouveau du dégoût et de l’horreur comme j’avais ressenti la première fois que je l’avais touché. Et je savais que j’étais un monstre pour ressentir de telles choses. Quelle mère, quand elle apprend la mort de son enfant, ne peut s’empêcher de se sentir… soulagée ?
Sur le marché aux puces de Clignancourt, j’ai vendu l’amulette du Cercle de Valentin, un objet révoltant que je répugnais à conserver. Cela m’a rapporté beaucoup d’argent. Avec l’argent, j’ai acheté un billet d’avion pour New-York. J’ai dit à Luke que j’allais commencer une nouvelle vie là-bas — comme une terrestre. Je ne voulais sous aucun prétexte que le spectre de l’enclave ou des accords ne s’immisce dans ma vie à nouveau, ou dans la vie de mon enfant. Je lui ai expliqué que je détestais tout ce qui se rapportait aux Nephilim.
Ce n’était que partiellement vrai. J’étais dégoûtée par l’enclave, ça, c’était la vérité, et je savais qu’en tant que femme de Valentin, maintenant qu’il était un criminel, ils allaient vouloir que je vienne pour m’interroger… que je serais toujours considérée avec suspicion par les législateurs d’Idris. Je voulais me cacher d’eux. Mais plus que tout, je voulais me cacher de Valentin.
J’étais sûre qu’il était toujours vivant. Je repensais encore et encore à ce qu’il m’avait dit lorsqu’il m’avait traînée hors de la salle, à la façon dont il avait promis de faire du reste de ma vie un enfer. Ce ne sont pas les paroles d’un homme qui a planifié de s’immoler par le feu démoniaque, peu importe à quel point il était désespéré par l’échec de ses plans. Valentin n’était pas le genre d’homme à s’abandonner au désespoir. Même malgré la destruction de tout ce qu’il avait construit, il avait l’intention de se redresser à nouveau. Le phénix qui renaît de ses cendres.
Il y avait une autre chose que je ne pouvais pas dire à Luke. La nuit de l’insurrection, avant que nous quittions la ville, j’ai pris la Coupe Mortelle dans la cachette de Valentin, et je l’ai cachée dans mes affaires. J’avais pensé la rendre à l’enclave, mais dès lors,… je ne pouvais plus leur faire confiance pour la mettre à l’abri hors de portée de Valentin, pas quand ils étaient si enclins à croire qu’il était vraiment mort. Je devais être celle qui la lui cacherait. Et, inexorablement, sans aucun doute, il viendrait pour elle, et pour moi.
Luke m’a suppliée de ne pas le quitter. Il a dit qu’il viendrait avec moi — même quand je lui ai dit que j’attendais un autre enfant de Valentin, il a dit que cela ne faisait aucune différence, qu’il allait élever l’enfant comme le sien. Mais il n’avait jamais vu Jonathan — Je ne lui avais jamais dit ce que Valentin avait fait à mon fils. Comment pourrais-je être sûre qu’il n’avait pas fait quelque chose d’aussi terrible avec ce bébé que je portais à présent ? Et comment pourrais-je demander à Luke de partager cette horreur avec moi, ou le danger d’être poursuivis par Valentin, qui le détestait ? C’était impossible. J’ai refusé, à plusieurs reprises, même si je pouvais voir la douleur que cela lui causait. Même si je savais que cela signifiait que je ne le reverrais probablement jamais, et cette pensée a brisé ce qui restait de mon cœur.
Nous nous sommes quittés à l’aéroport d’Orly. Je me suis agrippée à lui jusqu’à ce que le dernier appel pour le vol ne retentisse et il m’a gentiment poussée vers la porte d’embarquement. C’était comme si on m’arrachait une partie de moi-même. Au dernier moment, je me suis retournée et j’ai couru vers lui et lui ai dit à l’oreille — "Valentin est toujours vivant." Je devais le lui dire. Je ne pouvais pas m’en empêcher. J’ai couru vers l’avion sans regarder en arrière pour voir sa réaction.
J’ai atterri à New-York en début de matinée, le ciel de l’aube était comme l’intérieur d’une perle suspendue au-dessus de la ville. Alors que mon taxi roulait sur le pont Williamsbug, j’ai baissé les yeux et j’ai vu l’eau de la rivière en dessous de moi, dont la surface ondulait ici et là par le battement des queues des sirènes. Même ici, entre ces murs de verre et d’acier, dans cette ville inhospitalière, le monde invisible était tout autour de moi…
Pour le reste, tu sais à peu près tout. Comment j’ai trouvé un endroit pour où habiter, comment j’ai trouvé du travail et faire la seule chose que je savais faire, ici, dans le monde ordinaire… la peinture. Non pas qu’il y avait beaucoup de travail pour une peintre. Si je n’avais pas eu ces bijoux que je pouvais vendre, j’aurais sûrement souffert de la faim. J’ai trouvé un appartement dans un immeuble appartenant à un vieux couple aimable, qui m’a laissée rester. Et en retour, je devais peindre un portrait de leur fils qui avait servi dans l’armée et était mort à l’étranger. Je leur ai dit que mon mari, lui aussi, était mort, et ils étaient désolés pour moi, je pense ; une jeune fille enceinte qui n’avait plus personne au monde…
La plupart des autres mères dans ma situation auraient acheté un berceau, des jouets, des chaussons et des couvertures de bébé. Je ne l’ai pas fait. J’étais terrifiée. Terrifié que ce qui s’était passé avec mon premier enfant ne se reproduise avec mon second. Je me souviens de cette nuit où je suis allée au travail et où on m’a emmenée à l’hôpital — C’était si différent de l’accouchement à Alicante, avec des murs blancs stériles et tous ces bip, ces terrifiantes machines. Je ne pouvais pas arrêter de pleurer, tout le temps, du moment où tu es née, jusqu’au moment où l’infirmière est entrée dans ma chambre d’hôpital et t’a amenée jusqu’à moi, dans mes bras. Et, quand j’ai baissé les yeux vers ton visage, une grande vague d’amour et de soulagement m’a envahie. Tes cheveux roux, tes yeux verts — tu étais mon enfant, à moi, il n’y avait rien de ton père en toi, ni quoi que ce soit de monstrueux ou démoniaque. J’ai pensé que tu étais la chose la plus parfaite qui soit jamais venue au monde. Je le pense encore.
La première fois que je t’ai emmenée dans le parc, tu as vu les fées là parmi les fleurs et tu es allée jouer avec elles. Les autres mères, elles nous regardaient avec consternation, si bien que je t’ai ramenée à la maison en quatrième vitesse. J’ai senti la terreur m’envahir comme une douche glaciale. Je pouvais voir ce que tu avais vu, mais personne d’autre ne le pouvait. Comment pouvais-je t’apprendre à vivre dans ces circonstances — de mentir à tous les gens que tu connaissais ? Je voulais que tu aies une vie normale, mais je n’avais pas pensé à ce détail. Et j’avais d’autres craintes aussi… il y avait des chasseurs d’ombres ici, des créatures obscures aussi, tout comme il y en avait partout dans le monde. Si des bruits à ton sujet se propageaient, peut-être que ça arriverait aux oreilles de Valentin, et il viendrait nous trouver. Et je ne pouvais pas laisser cela se produire. C’est pourquoi j’ai engagé Magnus Bane. Je ne suis pas fière de ce que j’ai fait. Je l’ai fait parce que j’avais peur. Je l’ai fait parce que je ne pouvais pas imaginer quoi que ce soit d’autre pour te protéger. Je l’ai fait parce que je pensais qu’une vie de bonheur insouciante serait mieux qu’une vie de danger à être pourchassée. Et je l’ai fait, peut-être, parce que je souhaitais pouvoir oublier, moi aussi, tout ce passé qui me torturait encore.
C’est Magnus qui m’a présentée à Dorothée, et Dorothée qui m’a donné l’idée de cacher la Coupe Mortelle dans une peinture. Je te tenais dans mes bras quand je l’ai rencontrée et tu as atteint le jeu de tarot et sorti une carte de la pile qu’elle avait sur sa table. Je t’ai grondée, mais elle a juste dit : « Voyons quelle carte a tiré l’enfant." C’était l’As de Coupe — la carte de l’amour. "Elle va vivre un grand amour dans sa vie," avait-elle prédit, mais j’ai focalisé sur l’image de la carte. Elle ressemblait à la Coupe Mortelle...
Avec la Coupe bien cachée dans le paquet que j’avais peint pour Dorothée, et Dorothée qui avait elle-même caché le jeu dans son sanctuaire, je me suis sentie plus calme. Tellement calme que lorsque Luke s’est soudainement présenté à notre porte, ayant l’air d’avoir dormi dans la rue pendant des semaines, je ne lui ai pas immédiatement dit de partir. Il était venu jusqu’ici, et je lui avais tellement manqué. Je l’ai laissé dormir sur le canapé, et le matin, il était toujours là, et tu étais assise à ses pieds pendant qu’il te montrait un jeu simple avec des cartes — un jeu d’Ombres, quelque chose que je n’avais pas vu depuis que j’avais quitté Idris. C’était comme s’il avait toujours été là avec nous, toujours à nous. Je ne pouvais pas lui demander de partir...
Luke a désapprouvé quand je lui ai dit ce que j’avais fait à tes souvenirs avec l’aide de Magnus, mais c’était la seule chose sur laquelle je restais immuable. Je lui ai expliqué qu’il ne savait pas toute la vérité, et que si ça avait été le cas, il aurait été d’accord avec moi. Je sais maintenant que j’avais tort. Luke avait toujours été quelqu’un qui croit en la vérité, peu importe si elle était cruelle ou impitoyable, et il aurait voulu que tu saches.
Au moins tu la connais à présent — et si tu me détestes maintenant, au moins ce sera à cause de la vérité et non pas à cause des mensonges. Et au moins tu sais maintenant que je t’ai toujours aimée et que tu as toujours été la chose la plus importante dans le monde pour moi. Cette nuit-là, quand Valentin et ses démons ont fait irruption dans notre appartement, à la recherche de la Coupe, j’ai à peine eu le temps de prendre la potion que Ragnor Fell m’avait donnée avant qu’il ne soit trop tard — mais j’ai attendu, juste assez longtemps pour me permettre de t’appeler et te dire que je t’aimais. Tout ce qui m’est arrivé à Idris, tout ce que Valentin m’a fait, ça en valait la peine parce que je t’ai eu.
Il y a une chose que je dois te dire. Magnus m’a parlé de Jace, de ce qui vous est arrivé à Renwick, et ce que ton père vous a dit là-bas. Je dois te dire maintenant qu’il mentait. Ce que tu crois être vrai sur toi et ton frère n’est pas la vérité. Après avoir pris la potion, Valentin a tout essayé pour me réveiller, mais rien n’a fonctionné. Quand il m’a amenée à Renwick, j’étais allongée, figée comme dans la glace, faisant des va-et-vient entre conscience et inconscience. Je ne pouvais pas bouger ni parler, mais je savais parfois quand des personnes entraient et sortaient de la pièce. Pangborn et Blackwell sont venus me narguer, mais ils ne m’ont jamais touchée. Et parfois Valentin venait s’asseoir à côté de mon lit et me parler.
Il m’a raconté la façon dont les âmes mortes parlaient à Dante en enfer, lui disant la vérité de leur existence parce qu’ils pensaient qu’il ne reviendrait jamais au monde pour les trahir. Je pense qu’il était juste soulagé d’avoir quelqu’un à qui parler, comme j’avais une fois déversé tout ce qu’il y avait dans mon cœur à Ragnor Fell.
Il m’a dit qu'il pensait quand il m’a épousée que nous affronterions le monde ensemble, unis contre l'’enclave et les accords. Il m’a dit que quand Jonathan est né, il avait réalisé qu’il m’avait perdue, que je le haïrais pour ce qu’il avait fait. Mais un vrai guerrier est prêt à tout sacrifier, même sa femme. Même sa famille. C’est en ça que Valentin croyait. Il était dans une croisade des temps moderne et tout ce qu’il faisait, c’était pour le bien de sa cause. Deus volts, disait-il. Parce que c’est la volonté de Dieu.
Après la naissance de Jonathan, Valentin avait soupçonné que je refuserais d’avoir d’autres enfants. Et c’était dommage, selon lui, parce qu’il avait imaginé nos enfants comme une armée de chasseurs d’ombres supérieurs — façonnée par lui. Il savait qu’il ne pouvait pas me forcer à avoir un enfant, je ne voulais pas, alors, il a tourné ses attentions vers Céline Herondale. Elle était jeune, dévouée, impressionnable. Quand elle est tombée enceinte, il lui a donné ses mélanges à boire, comme il l’avait fait pour moi, prétendant que c’était des potions faites par un sorcier qui amélioreraient la santé de son bébé. Elle a pris les médicaments, les poudres, les potions qu’il lui donnait, et l'a même laissé lui faire des injections comme s’il était un médecin. Elle était tout à fait confiante. Et puis quelque chose est arrivé à laquelle Valentin ne s’attendait pas. Dans un raid sur un nid de vampire, Stephen a été tué. Et Céline — impressionnable, sensible, Céline si facilement influençables — s’est coupée les veines et en est morte. Les Herondale ont sombré, ils ont brûlé le corps de Stephen et enterré dans un mausolée Céline juste à l’extérieur de la cité des os — Aucun suicidé ne peut être enterré à l’intérieur de ses murs
On pourrait penser que cela aurait été la fin de cette histoire. Mais Valentin savait que ce qu’il avait fait, avait changé l’enfant à l’intérieur de Céline et il fallait qu’il sache. Donc, Valentin a pris Hodge avec lui et est allé à la cité des os, au beau milieu de la nuit. Il est entré dans le mausolée des Herondale et a fracturé le cercueil de Céline. Et puis, en utilisant la lame acérée de son kindjal, il lui a ouvert le ventre et a retiré le bébé encore vivant de son corps mort. Tout autre bébé serait mort en même temps que sa mère. Mais Valentin avait donné à Céline des doses régulières de sang d’Ithuriel. Le sang du ciel, pur et concentré, et grâce à son effet, par miracle, l’enfant était encore en vie.
Il a ramené l’enfant à la maison cette nuit-là, la nuit où les pleurs d’un bébé m’avaient réveillée dans mon sommeil et où j’étais descendu pour trouver l’ange attaché dans la cave à vin des Wayland avec l’enfant à ses pieds. Au matin, Valentin avait donné le petit garçon à Hodge avec pour instructions de l’emmener à la maison de famille de Valentin à la frontière de Broceliande, et de le garder en bonne santé. Hodge comme nourrice ! — Mais il l’a fait, et a rapporté à Valentin que l’enfant semblait bien se développer.
. Le soulèvement est survenu seulement quelques mois plus tard. Je t’ai déjà parlé de cette terrible nuit. Après que Valentin a abattu Michael Wayland et son fils et laissé leurs corps brûler avec les corps de mes parents dans les ruines de notre maison, il a pris notre Jonathan et s’est enfui vers sa maison à la frontière de Brocéliande.
Pendant un an, il s’est caché là, enveloppé dans des couches de glamour donnant de mauvaises orientations, et il a élevé les deux enfants — son fils et son lieutenant, l’enfant en partie démon et l’autre en partie ange. Mais alors que l’enfant ange se développait comme un bébé ordinaire, son propre fils, l’enfant démon, a progressé à un rythme anormal. Alors qu’il était âgé de seulement deux ans, il avait la taille d’un enfant humain de six ans, avec la force d’un homme adulte. Et, il détestait son petit frère adoptif. Plusieurs fois il a essayé de le tuer et l’enfant n’a été sauvé que par l’intervention de Valentin. Finalement Valentin savait qu’il devait faire quelque chose. Il avait hâte de revenir à une vie plus active, dans un endroit plus proche de la cité de verre. Dans un endroit où il pourrait rencontrer ses anciens disciples, des hommes comme Pangborn et Blackwell — dans un endroit où il ne serait plus tout à fait autant dans la clandestinité. Il a pris l’identité de Michael Wayland et est revenu avec le fils de Stephen Herondale au manoir de la famille Wayland.
Pourquoi n’a-t-il pas emmené son propre fils avec lui, me demanderas-tu ? Parce que son fils ressemblait maintenant à un enfant de six ans, et Valentin savait qu’il n’y avait aucun moyen pour que le garçon soit convaincant, en tout cas pas en tant que l’enfant des Wayland — et il était très important pour lui que plus tard, le garçon puisse convaincre ceux qui avait connu Michael que c’était son fils. Alors, il a amené le petit garçon blond de Stephen Herondale au manoir Wayland, et vivait aussi avec son propre enfant dans la maison délabrée en dehors de Broceliande.
L’enfant avait un nom maintenant — le nom du fils de Michael Wayland. Jonathan Wayland. Comme il était trop confus d’élever deux enfants avec le même prénom, Valentin a commencé à appeler l’enfant par un surnom.
Il l’a appelé Jace…
Source : http://www.lacitedestenebres.com/2013/05/une-scene-entre-valentin-et.html